Au moment où la reddition des comptes occupe le centre du débat public, Habib Sy, président du Conseil d’administration de la Senelec, prend clairement position. Pour lui, l’opération engagée par le président Bassirou Diomaye Faye est « le seul véritable consensus national », tant la nécessité de rendre justice face aux dérives du régime précédent est partagée par toutes les sensibilités – pouvoir, opposition, société civile et opinion publique.
« Personne ne peut nier les dégâts immenses causés par le régime passé », a-t-il affirmé face à Omar Gningue, rejetant toute idée d’une opération politique. Habib Sy insiste : la « révolution démocratique » en cours doit se faire dans le strict respect des procédures et de l’indépendance de la justice. Pour lui, le régime actuel n’interfère pas dans le fonctionnement judiciaire. « Ils ne s’immiscent pas dans le fonctionnement de la justice », a-t-il assuré, citant la libération de Mansour Faye comme preuve de l’absence de règlements de comptes politiques.
Il met toutefois en garde : « Pas de justice à deux vitesses ni de justice des vainqueurs », rappelant la récente décision du Conseil constitutionnel qui a rejeté une tentative de l’Assemblée nationale de donner des injonctions aux magistrats.
Au-delà de la défense de l’indépendance de la justice, Habib Sy soulève un débat inédit : l’absence de contrôle populaire sur le pouvoir judiciaire, alors même que la justice est rendue « au nom du peuple ».
Il propose la création d’un organe citoyen de veille, composé d’universitaires, de paysans et de représentants des couches populaires, afin d’accompagner les réformes en cours, notamment celles touchant au Code pénal et au Code de procédure pénale.