L’ancien président du Sénégal, Macky Sall, prépare la sortie de son livre L’Afrique au cœur, prévu en septembre 2025 aux éditions Odile Jacob. Présenté comme un plaidoyer panafricain et un témoignage politique, l’ouvrage alterne autobiographie, récit de gouvernance et vision du continent. Mais pour certains observateurs, il s’agit avant tout d’une entreprise de réhabilitation personnelle.
Amadou Lamine Bah, administrateur de sociétés, est catégorique : « Ce livre est un exercice de réhabilitation sélective, truffé d’omissions et d’incohérences qui masquent les zones d’ombre d’un mandat controversé », a-t-il rectifié. Macky Sall consacre de larges passages à ses réussites dans le domaine énergétique, affirmant que l’électrification rurale est passée de 27 % en 2012 à 63 % en 2024.
Mais cette présentation est trompeuse, nuance Amadou Lamine Bah : « Il se félicite d’un accès universel à l’électricité, mais les coupures dépassaient encore 900 heures par an en milieu rural. Les chiffres sont utilisés comme un bouclier technocratique, sans considération pour la précarité des usagers », a-t-il souligné.
Plus grave, selon lui, l’ancien président a totalement omis la crise politique de 2024, quand il tenta de repousser l’élection présidentielle. « Il glorifie la stabilité démocratique, mais tait l’épisode du report électoral qui a coûté la vie à 16 personnes et suscité une condamnation internationale », dément Amadou Lamine Bah.
  Dette publique et audits : une stratégie de victimisation 
  Dans son ouvrage, Macky Sall accuse ses successeurs d’avoir gonflé artificiellement la dette en intégrant celles des sociétés publiques. Une version que réfute Amadou Lamine Bah : « Le FMI et la Cour des comptes confirment que la dette consolidée dépassait bien 100 % du PIB en 2024. Macky Sall minimise un endettement qu’il a lui-même creusé par des projets pharaoniques comme le TER », a-t-il répliqué. 
Concernant les poursuites judiciaires visant certains de ses proches, l’ex-chef d’État parle de « vendetta politique ». Là encore, Amadou Lamine Bah n’est pas convaincu : « Les rapports d’audits qu’il avait lui-même commandités pointent des irrégularités majeures. Il vantait la transparence, mais dénigre aujourd’hui les institutions dès qu’elles touchent son entourage », a-t-il insisté.
  Un panafricanisme instrumentalisé 
  Macky Sall se présente en militant panafricain, vantant la jeunesse et le potentiel du continent. Mais pour l’analyste, ce discours relève davantage de la communication que de l’action réelle. 
« Le livre sert de soft power personnel. Il omet ses échecs diplomatiques, comme sa médiation ratée au Mali, et passe sous silence les soupçons de népotisme autour des contrats gaziers », a-t-il dénoncé.
Au final, L’Afrique au cœur apparaît comme un ouvrage riche en données et bien écrit, mais sélectif et partiel. Pour Amadou Lamine Bah, « cet ouvrage ressemble moins à un plaidoyer panafricain qu’à une contre-attaque politique tardive. Sa lecture est utile, mais elle doit être confrontée à des sources indépendantes pour éviter le piège du narratif auto-proclamé », a-t-il conclu.
     
 
   
   
                 
                 
                