Depuis l’annonce de la nomination du commissaire Mamadou Lamarana Diallo à la tête du commissariat spécial de l’Aéroport international Blaise Diagne (AIBD) de Diass, les militants, sympathisants et responsables de Pastef ont envahi les réseaux sociaux pour dénoncer cette promotion. Ils accusent M. Diallo d’avoir participé activement à la répression des manifestations entre 2021 et 2024. Ses rares soutiens considèrent cependant qu’il s’agit d’une première au Sénégal. Exclusif.net, en replongeant dans ses archives, rappelle l’affaire Arouna Sy, surnommé « Jack Bauer ». En 2012, ce dernier avait perdu un poste au Darfour (Soudan) à la suite d’une série de dénonciations émanant des responsables de Benno Bokk Yaakaar, la coalition qui avait porté Macky Sall au pouvoir.
Arouna Sy, surnommé « le général de la Police nationale », avait servi dans presque tous les segments de la Police : sécurité publique, renseignements généraux, instruction, inspection. Pourtant, dès l’arrivée de Macky Sall au pouvoir, il a vécu un véritable calvaire. Ses partisans, soutenus par certaines ONG, se sont opposés à toute promotion de ce commissaire, l’accusant d’avoir été un acteur central de la répression de 2011-2012, marquée par de nombreuses victimes lors des derniers jours du régime d’Abdoulaye Wade.
« Si cette information (le départ du commissaire Sy) est vérifiée, nous n’hésiterons pas à interpeller l’ONU ainsi que les autorités sénégalaises », avait prévenu à l’époque Mme Rokhaya Gassama, présidente du Collectif des familles des victimes de violences policières, jointe par Ouestaf pour exprimer ses préoccupations.
M. Sy, sorti premier d’un concours international très sélectif, devait être envoyé au Darfour. Mais les militants des droits de l’homme estimaient qu’un tel poste à l’ONU lui garantirait « l’impunité ». Cette perspective inquiétait fortement les associations de défense des droits de l’homme et les familles des victimes de la crise pré-électorale, qui avait fait entre 6 et 15 morts selon diverses sources.
Malgré l’absolution tacite de l’État, il fut finalement recalé, après avoir été sévèrement combattu par des organisations de la société civile. Amnesty International avait, par ailleurs, réclamé l’ouverture d’une enquête impartiale sur les actes de torture subis par deux jeunes de Colobane, pointant du doigt l’ancien ministre de l’Intérieur Ousmane Ngom et le commissaire Arouna Sy.
Contre toute attente, en mars 2020, Macky Sall le nomma directeur de l’Inspection des services de sécurité au ministère de l’Intérieur. Une décision qui avait suscité une vive polémique.
Sur walfnet, l’ancien président du groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar, Moustapha Diakhaté, avait dénoncé sur sa page Facebook : « Réhabilitation du commissaire Arouna Sy : Macky Sall provoque l’APR, BBY et le M23. Macky Sall réhabilite le commissaire Arouna Sy, symbole de la répression contre le M23 et de la lutte contre le 3ème mandat, au poste de directeur de l’Inspection des services de sécurité au ministère de l’Intérieur. Mamadou Diop et les autres victimes de la violence policière de 2011 doivent retourner dans leur tombe. Macky Sall provoque leur deuxième mort. Les acteurs de la deuxième alternance sont interpellés. Le décret de cette nomination doit être reporté sans délai. »
Ainsi, il apparaît clairement que la contestation de nominations, même dans les plus hautes sphères de l’État, n’est pas une nouveauté au Sénégal. L’affaire Mamadou Lamarana Diallo rappelle d’autres nominations controversées survenues sous les présidences de Diouf, Wade ou encore Macky Sall.
Nous y reviendrons.
     
 
   
   
                 
                 
                