Suite à l’actualité judiciaire défrayant la chronique actuellement dans le pays, Malang Mohamed Baldé, doctorant en droit public, apporte des clarifications sur la « présomption d’innocence ».  
   
Dans cette dynamique, il aborde cette question face à la menace du populisme des médias pour lever un coin du voile. D’ailleurs, il rappelle que la mission principale des médias est de favoriser la transparence dans le traitement de l’info avec la diffusion d’informations vérifiées, tout en offrant à un « présumé innocent » une tribune pour se faire entendre se transforment de plus en plus en une « jungle » où excelle une véritable campagne de désinformation, transformant le décor en une sorte de haine.
À l’en croire : « selon l’article 9 de la déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789 qui stipule que « tout homme étant présumé innocent jusqu’à ce qu’il ait été déclaré coupable, s’il est jugé indispensable de l’arrêter, toute rigueur qui ne serait pas nécessaire pour s’assurer de sa personne doit être sévèrement réprimée par la loi ». De de même que l’article 11 de la déclaration universelle des droits de l’Homme de 1948 qui rappelle que « toute personne accusée d’un acte délictueux est présumée innocente jusqu’à ce que sa culpabilité ait été légalement établie au cours d’un procès public où toutes les garanties nécessaires à sa défense lui auraient été assurée ». 
Dans la foulée, il précise « pourtant, transposée dans le système judiciaire au Sénégal comme une garantie reconnue aux justiciables, la présomption d’innocence est en train de sombrer sans cesse dans le paysage médiatique sénégalais sous la complicité politique de la puissance publique.
Malgré ce bouclier législatif apparemment infranchissable, impossible de passer un jour sans que cette présomption ne soit foulée aux pieds dans l’indifférence générale, même la presse spécialisée, pour ne pas reprendre Dominique Coujard, magistrat honoraire, dans son article « la présomption d’innocence, si connue, si maltraitée » du 11 février 2020 ».
« Ces atteintes, provenant de différentes échelles, se ressentent aujourd’hui avec acuité dans le secteur des médias, notamment avec la montée en puissance des plateformes en lignes au Sénégal. Cet avènement, dépourvu de régulation effective, qui pourrait conduire à la disparition de ce principe constitutionnel garanti par notre texte fondamental, La Constitution Sénégalaise et l’arsenal juridique international, est fondamentalement préoccupant dans l’écosystème d’un État de droit », laisse-t-il entendre.
Au quotidien, selon lui, « on note des individus, se présentant comme journalistes ou chroniqueurs mais dépourvu de toute formation juridique, s’empressent de jeter l’opprobre sur une personne citée dans un « supposé scandale » non encore élucidé, sans preuve ni décision de justice rendue. L’individu mis en cause est alors présenté par ces médias, sous le coup d’une simple convocation ou publication de rapport d’audit, comme « présumé coupable » ou même comme coupable. Le traitement médiatique des récents cas judiciaires en sont une parfaite illustration. Même si on remarque que certains organes de presse ont, jusqu’ici, choisi de se tenir à l’écart de ces dérives en privilégiant l’éthique et la déontologie, d’autres persistent malheureusement dans une logique de désinformation. »
Dans la foulée, il soutient « cet état de fait résultant de l’ignorance de certains acteurs des médias constitue un danger sans précédent pour la démocratie, mais également pour l’avenir de la justice et des justiciables. Dans une méconnaissance inouïe des règles de fonctionnement de l’institution judiciaire, des médias présentent une personne poursuivie comme condamnée après juste des réquisitions du ministère public. »
À cela, il ajoute : « sans mener des fois une moindre enquête contradictoire sur une affaire pendante à la justice, sans que la personne se voit reproché d’une infraction établie par l’autorité judiciaire, ils mettent déjà la personne en cause publiquement comme étant  l’auteur d’une infraction. Alors que toute mise en cause intervenant en l’absence de procédure pénale est susceptible de diffamation ».
En ce sens, il rappelle : « ces atteintes à la présomption d’innocence issues de la diffusion de fausses nouvelles, de la campagne de manipulation d’infos dans le but de porter atteinte à la réputation de personnes morales ou physiques publiques, et de fragiliser les règles de l’État de droit doivent impérativement cesser. Cependant, la presse est l’essence même de la démocratie moderne : toute société a besoin d’une presse, mais pas de n’importe laquelle. »
     
 
   
   
                 
                