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Financement structuré : L’Afrique veut inventer son propre modèle

Financement structuré : L’Afrique veut inventer son propre modèle

L’Afrique fait face à une équation complexe. Un déficit annuel d’infrastructures estimé entre 130 et 170 milliards de dollars. Près de 2 800 milliards de dollars sont nécessaires d’ici 2030 pour l’adaptation au changement climatique. Et environ 4 000 milliards de dollars par an pour atteindre les objectifs de développement durable. Ces chiffres traduisent une réalité devant les assureurs, régulateurs, investisseurs et banquiers qui se sont réunis à Dakar, ce jeudi, pour « inventer de nouvelles approches » et bâtir, via la titrisation et la finance durable, une architecture financière plus robuste pour les économies africaines.

 

 

Présidé par le ministre des Finances et du Budget, Cheikh Diba, cette rencontre a enregistré la participation de son collègue de l’agriculture, Mabouba Diagne, du gouverneur de la Banque centrale de la Gambie, Buah Saidy, mais également du président du marché financier de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) Badanam Patoki. 

Les besoins de financement sont colossaux. Mais les flux disponibles demeurent insuffisants et souvent contraints par les niveaux d’endettement des pays africains. Face à ce constat, « il faut inventer de nouvelles approches. » C’est à ce stade qu’intervient le financement structuré permettant de mutualiser les risques, d’allonger les maturités, de mobiliser le capital privé, et de créer des instruments sur mesure. Il constitue une voie crédible et incontournable pour bâtir une architecture financière africaine plus robuste.

 

À l’occasion de ce SFA Forum il s’est agi de développer les sujets clés, de voir comment élargir l’accès aux capitaux à long terme, comment renforcer la confiance des investisseurs, comment intégrer durablement les PME et les fintechs dans les chaînes de financement. Mais surtout, ce forum est une invitation à bâtir des partenariats concrets, car aucun acteur, qu’il soit public, privé ou multilatéral, ne peut seul relever les défis auxquels l’Afrique est confrontée.

 

 

 

Des mécanismes classiques, archaïques 

 

 

Selon M. Patoki, le pont entre ce constat alarmant et le potentiel de financement réside dans les innovations sur la base desquelles la finance est structurée. Ces dernières créeront des produits financiers adaptés aux besoins des émetteurs privés et publics. Dans le contexte déficitaire , le financement structuré prend tout son sens en atténuant les risques, en allongeant la maturité et, surtout, en mobilisant des capitaux privés à grande échelle. Les innovations financières ne sont pas que des concepts techniques. « Elles peuvent avoir un impact profond sur nos sociétés. En facilitant l’accès aux services financiers de base, elles contribuent directement à la réduction de la pauvreté et des inégalités. En donnant naturellement aux populations vulnérables les moyens d’investir dans l’éducation, la santé et l’entrepreneuriat », estime le sieur Patoki. 

 

Inventer de nouvelles approches qui permettent de concevoir des outils financiers adaptés aux spécificités et aux besoins des marchés africains, c’est dans l’ordre du possible, a insisté le président de l’autorité des marchés financiers de l’Union économique et monétaire ouest-africaine. Il a souligné que le Kenya a réussi, en juillet 2025, une émission de 156 millions de dollars américains (environ 90 milliards FCFA) sous forme de titrisation de créances futures. « Ce qui rend cette opération remarquable, c’est sa connotation ESG (Environnementale, Sociale et de Gouvernance), prouvant que l’Afrique peut non seulement innover, mais aussi attirer des investisseurs d’envergure, locaux et internationaux, sensibles aux critères de finance durable », a-t-il affirmé.


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