Le président américain Donald Trump a annoncé, vendredi 19 septembre, des frais annuels de 100 000 dollars pour des visas de travail très utilisés dans le secteur technologique, avec des conséquences potentiellement majeures pour ces entreprises recrutant beaucoup en Asie. Samedi, la Maison Blanche a finalement précisé que ces frais ne s’appliqueront qu’à de nouvelles demandes.
Les visas H-1B permettent à des travailleurs étrangers aux qualifications précises (scientifiques, ingénieurs et programmateurs informatiques entre autres) de venir travailler aux États-Unis. Ces permis de travail sont à durée déterminée, d’une période initiale de trois ans, prolongeable à six ans, pour des étrangers parrainés par un employeur.
Donald Trump affiche depuis son premier mandat sa volonté de les limiter afin de donner la priorité aux travailleurs américains. « L’idée générale, c’est que ces grandes entreprises de la tech ou d’autres secteurs ne formeront plus de travailleurs étrangers », a expliqué le ministre du Commerce Howard Lutnick, aux côtés du président américain dans le Bureau ovale, en assurant que « toutes les grandes entreprises sont partantes ».
Former des Américains
Si elles recourent à des travailleurs étrangers, « elles doivent payer 100 000 dollars au gouvernement et, ensuite, payer leur employé, ce n’est pas rentable », a-t-il poursuivi. « Si vous voulez former quelqu’un, vous allez former un jeune diplômé d’une des grandes universités de notre pays, former des Américains, et arrêter de faire venir des gens pour prendre nos emplois ».
Le nombre de demandes de visas H-1B a nettement progressé ces dernières années, avec un pic d’acceptations en 2022 sous la présidence du démocrate Joe Biden. À l’opposé, le pic de refus a été enregistré en 2018, pendant le premier passage de Donald Trump à la Maison Blanche.
400 000 visas approuvés en 2024
Les États-Unis ont approuvé environ 400 000 visas H-1B en 2024, dont les deux tiers étaient des renouvellements. Les trois quarts des candidats approuvés au visa H-1B sont des ressortissants indiens. Les grandes entreprises technologiques emploient un grand nombre de salariés indiens qui se rendent aux États-Unis ou font des allers-retours entre les deux pays.
Les entrepreneurs de la tech – y compris l’ancien allié de Trump, Elon Musk – ont mis en garde précédemment contre les ciblages des visas H-1B, affirmant que les États-Unis n’ont pas suffisamment de main-d’œuvre qualifiée sur place pour les besoins du secteur.
Selon une copie du décret signé par Donald Trump, des frais seront exigés pour ceux qui cherchent à entrer dans le pays à partir de dimanche, la ministre à la Sécurité intérieure Kristi Noem pouvant exempter des individus, des entreprises ou des secteurs entiers.
L’Inde largement touchée par la décision de Donald Trump sur le visa H-1B
L’Inde est sous le choc après une nouvelle décision brutale de Donald Trump, concernant les entreprises américaines qui emploient des étrangers avec le visa H-1B. Cela sonne comme la fin du rêve américain pour des milliers de jeunes et pour toute la diaspora indienne, rapporte notre correspondant à Bangalore, Côme Bastin. La décision s’ajoute à celle de droits de douanes de 50 % envers les produits indiens.
70 % de ces visas de travail sont accordés à des Indiens. L’Inde se targue d’ailleurs que son immigration qualifiée occupe des postes importants aux États-Unis. Cette diaspora est active dans les relations entre les deux pays, jusqu’à il y a peu, perçues en Inde comme excellentes, mais tout change avec Donald Trump. Même si les Indiens sont qualifiés, les entreprises américaines n’auront, à de rares exceptions près, pas les moyens de payer 8 000 euros par an pour les garder. Le décret est clair : les travailleurs seront alors renvoyés dans leur pays d’origine. Pour ceux qui, depuis l’Inde, espéraient un visa, les chances sont désormais nulles.
Tout l’échiquier politique en Inde est choqué, comme le député du Parti du Congrès, Manish Tewari. « Les États-Unis exercent systématiquement des pressions sur l’Inde. Ce qui s’est passé avec le visa H-1B n’est pas un hasard, tout comme les 50 % des droits de douanes. Cette attitude hostile envers l’Inde ne présage rien de bon pour les relations entre les deux pays », estime-t-il.
Certains membres du gouvernement veulent y voir une chance avec le retour de cerveaux qui vont travailler en Inde. Mais le pays n’a pas encore les infrastructures et les opportunités pour un si grand nombre. Environ 200 000 indiens utiliseraient ce visa aux États-Unis.