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Saly / « Réforme foncière : Babacar Diop dénonce 30 ans de commissions sans lendemain »

Saly / « Réforme foncière : Babacar Diop dénonce 30 ans de commissions sans lendemain »

La retraite annuelle de la Plateforme nationale de dialogue sur la gouvernance foncière (PNGF) s’est ouverte avec un discours coup de poing signé Babacar Diop, point focal foncier du centre et président du CRAFS (Cadre de Réflexion et d’Action sur le Foncier au Sénégal). Devant les acteurs réunis, il a confié au micro de Dakaractu Mbour une vérité qui dérange :

 

« Depuis 1996, l’État du Sénégal agite la réforme foncière, mais les réflexions produites dorment encore dans les tiroirs ».

 

Des commissions, mais aucune réforme

 

Babacar Diop a revisité l’histoire d’une réforme jamais aboutie. Sous Abdou Diouf déjà, un document national avait été produit avec trois options : une option mixte, une option libérale et une option statu quo. « Les élus et la société civile avaient choisi le statu quo, c’est-à-dire conserver l’esprit de la loi sur le domaine national tout en corrigeant ses manquements », rappelle-t-il.

 

Mais malgré plusieurs commissions – dirigées par Serigne Diop,  Doudou Ndoye ou encore Serigne Diop– aucun texte structurant n’a été adopté. « Tous ces rapports sont dans les tiroirs. On réfléchit, on dépense de l’énergie, mais aucune réforme n’a suivi », dénonce-t-il.

 

Des corrections techniques insuffisantes

 

L’État s’est contenté de retouches mineures, notamment à travers le décret 72-12-88 :

 

Le sous-préfet n’approuve plus au-delà de 10 hectares ;

 

Le préfet intervient de 10 à 20 hectares ;

 

Le gouverneur pour 20 à 50 hectares ;

 

Au-delà, c’est la présidence.

 

 

Autre modification : la reconnaissance de délibérations familiales, pour sécuriser la gestion foncière autour des exploitations familiales et mieux régler les successions.

 

« Ce sont des ajustements techniques, mais la réforme de fond attend toujours. Depuis plus de 30 ans, on parle de réformer sans jamais oser le faire », martèle Babacar Diop.

 

« Réfléchir ne suffit plus »

 

Pour le président du CRAFS, le temps des discours est dépassé :

« Nous pouvons continuer à réfléchir, mais si nos propositions ne sont pas appliquées, cela ne sert à rien. Il faut que nos réflexions se traduisent en réformes concrètes, sinon nous tournerons en rond. »

 

Il appelle à un plaidoyer plus fort de la société civile et des acteurs locaux afin que leurs préoccupations ne soient plus ignorées.

 

Le foncier, enjeu explosif

 

Babacar Diop, qui a participé aux premières réflexions dès les années 90, insiste sur la gravité de la situation :

« Le foncier est au cœur de la stabilité sociale, économique et politique de notre pays. Tant que la réforme n’est pas actée, nous resterons exposés aux conflits, aux pratiques illégales et aux injustices. »

 

Un avertissement clair, qui sonne comme un ultimatum adressé à l’État : après trois décennies de promesses, le gouvernement est désormais face à ses responsabilités. Il doit trancher, réformer et agir. Car chaque jour perdu accroît les tensions, nourrit les inégalités et fragilise la paix sociale.


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