Un tiers de la population mondiale utilise encore la biomasse solide (bois, charbon de bois) comme principal combustible de cuisson. Des pratiques traditionnelles, notamment la cuisson au feu ouvert ou avec des foyers inefficaces, produisent un quart des émissions mondiales de noir de carbone, le deuxième contributeur au réchauffement climatique après le CO².
Au Sénégal, plus de 50% de la population reste dépendante du bois-énergie. Chaque année, environ 40.000 hectares de forêts disparaissent en raison de la surexploitation et plus de 85% du bois de chauffe est utilisé de manière non durable. Ces modes de cuisson entraînent aussi une pollution domestique dangereuse pour la santé, responsable de nombreuses maladies respiratoires.
Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), le remplacement de foyers traditionnels par des foyers améliorés permettrait de réduire jusqu’à 2,4 gigatonnes d’équivalent CO² par an au niveau mondial.
« Nous connaissons souvent ceux qui défendent d’autres préoccupations mondiales, mais ce sujet devrait être une question d’intérêt national. Sur cette question des combustibles domestiques, il nécessite une action collective, une meilleure communication et la suppression des barrières que nous avons créées entre les différentes parties prenantes », a déclaré le ministre de l’Énergie, du Pétrole et des Mines, Birame Soulèye Diop qui a présidé la cérémonie de lancement de la semaine des combustibles domestiques qui se tient du 25 au 28 août à Dakar. Sous le thème : « Accès Universel, équitable à une énergie de cuisson propre, durable et à moindre coût à l’horizon 2035 », cette cérémonie a permis au ministre Birame Soulèye Diop, de rappeler que le Sénégal est confronté à un défi majeur : « il s’agit notamment de voir comment garantir à nos populations, un accès universel à une énergie moderne, propre et abordable, tout en protégeant nos ressources naturelles et en contribuant à la lutte contre les changements climatiques.
Pour le ministre de l’énergie du Sénégal, la question des combustibles domestiques se trouve au cœur de cette problématique. « Aujourd’hui, on parle de pluies diluviennes ou d’inondations. Les gens ne se posent jamais la question de savoir quel est le rapport entre cuisson propre et les séquences de pluies que nous avons. Alors que c’est un rapport très interconnecté. Aujourd’hui, une importante part de nos ménages dépendent du bois énergie pour la cuisson. Or, cette réalité entraîne une pression croissante sur l’environnement et qui se traduit par une déforestation accélérée et une perte de biodiversité réelle. Elle contribue également à la dégradation de la qualité de l’air dans les foyers avec des conséquences directes sur les femmes et les enfants. Nous ne pouvons pas être inactifs face à cette situation », a indiqué le ministre.
D’ailleurs, la stratégie nationale sur les combustibles de cuisson propre et les biocarburants, adoptée en 2025 par le Sénégal pour éviter ces conséquences précédemment évoquées, montre sa pertinence selon le représentant du gouvernement : « une vision claire, ambitieuse et inclusive », a t-il rappelé.
Vers des stratégies locales alternatives et innovantes
Cette question des combustibles domestiques doit être abordée avec beaucoup plus de communication. On l’entend peu et le défend peu, précise le ministre. C’est un sujet d’intérêt national et c’est en cassant les cloisons qu’on en impose aux opérateurs. « Il ne s’agira pas de compétition. Mais de complémentarité car, les stratégies et mécanismes de cuisson propre sont les parents pauvres. Il faut une stratégie pour permettre au Sénégal de s’engager et de réduire progressivement l’utilisation du bois de chauffe et du charbon de bois pour préserver notre capital forestier et renforcer la résilience de notre écosystème », souligne Birame Soulèye Diop.
D’autre part, ajoute-t-il, « il faut developper des filières locales de production et de distribution de combustibles alternatifs notamment le gaz liquéfié, le biogaz, les briquets issus des résidus agricoles. Mais aussi encourager la recherche, l’innovation et la fabrication locale des technologies de cuisson adaptées aux réalités et à l’environnement des ménages, la construction d’un cadre d’investissement en stimulant le secteur privé et en mobilisant des financements innovants pour soutenir la transition énergétique. Mais aussi et surtout, une implication des communautés. »
Le ministre a rappelé qu’une démarche proactive est nécessaire entre les acteurs pour réaliser la mission qui est de réduire l’utilisation de ces combustibles qui affectent notre environnement. La transition vers les combustibles domestiques durables doit en effet, être vu comme « une opportunité de créer de nouveaux emplois, d’améliorer la santé des citoyens, de renforcer la souveraineté énergétique du Sénégal avec la valorisation des ressources locales et aussi de positionner le Sénégal comme un pays pionnier dans le domaine des énergies de cuisson propres en Afrique de l’Ouest.  
 
     
 
   
   
                 
                 
                