Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a affirmé vendredi 22 août qu’il n’y avait « pas de rencontre prévue » entre Vladimir Poutine et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, tandis que s’intensifient les efforts diplomatiques visant à trouver une issue au conflit en Ukraine.
« Il n’y pas de rencontre prévue […], Poutine est prêt à rencontrer Zelensky lorsque l’ordre du jour de ce sommet sera prêt. Et cet ordre du jour n’est absolument pas prêt », a assuré Sergueï Lavrov dans une interview à la chaîne américaine NBC diffusée vendredi.
Le dirigeant américain Donald Trump, qui ambitionne de mettre fin le plus rapidement possible à l’assaut russe contre l’Ukraine lancé en 2022, a annoncé préparer une rencontre entre les présidents russe Vladimir Poutine et ukrainien Volodymyr Zelensky, mais la participation des deux dirigeants semble loin d’être acquise.
Selon Sergueï Lavrov, Washington aimerait que les belligérants acceptent « plusieurs principes » en vue du futur règlement, notamment la non-adhésion de l’Ukraine à l’OTAN et la discussion d’échanges territoriaux. Mais « Zelensky a dit “non” à tout cela », a accusé Sergueï Lavrov.
L’Ukraine accusée de ne pas pouvoir un « règlement juste et durable »
Cette semaine, Sergueï Lavrov avait déjà accusé Kiev de ne pas vouloir un « règlement juste et durable » du conflit et estimé que les Européens faisaient « des tentatives assez maladroites » pour convaincre Donald Trump de continuer à armer l’Ukraine.
Le Kremlin est d’accord sur le principe d’une rencontre entre Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky, mais souhaite que celle-ci intervienne dans la phase finale des pourparlers de paix entre les deux pays. Or, les positions des deux camps semblent toujours irréconciliables.
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Volodymyr Zelensky s’est de son côté dit, à de nombreuses reprises ces derniers mois, prêt à rencontrer son homologue russe, malgré un décret qu’il a signé en 2022 prohibant toute négociation avec Vladimir Poutine.
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« Les Russes n’ont pas changé de ton »
Pour la chercheuse du Royal Institute of International Affairs Samantha de Berden, il n’y aura pas de rencontre. Seuls les États-Unis et l’Occident ont espéré cet entretien, mais la Russie n’a jamais changé de ton. « Il y a eu absolument aucun changement de discours. La communauté médiatique, la communauté internationale a cru les paroles de Trump quand Trump a dit “J’ai réussi à convaincre Poutine de rencontrer Zelensky”. Vladimir Poutine n’a jamais dit qu’il allait rencontrer Volodymyr Zelensky de façon imminente », explique-t-elle à RFI.
Le plus grand indice qu’on a eu de la part des Russes, c’était qu’il faudrait peut-être que les rencontres entre Russes et Ukrainiens se fassent à un niveau plus élevé. Les Russes n’ont pas changé de ton, n’ont pas changé leurs revendications. On a brassé beaucoup d’air. On a mobilisé des chefs d’État, on a mobilisé des journalistes. Donald Trump s’est auto-félicitée une dizaine de fois. La réalité, c’est que rien n’a bougé. La seule chose que l’on sait sans le moindre doute, c’est que les civils ukrainiens continuent à mourir dans les bombardements russes. Donc voilà leurs remerciements pour le sommet à Anchorage.
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Samantha de Berden, chercheuse du Royal Institute of International Affairs
Théo Renaudon
« Poutine aimerait cette rencontre s’il contrôle tous les paramètres. Or, il ne contrôle pas tous les paramètres parce que les Européens maintenant commencent à montrer un tout petit peu de fermeté. Ça, Poutine ne l’aime pas », poursuit-elle avant d’ajouter : « Il voit que Zelensky n’est pas prêt à céder. Je pense que Zelensky non plus ne voulait pas de cette rencontre. Parler pour répéter les choses qui ont déjà été dites. Il n’y a aucun bougé du côté russe. Donc, si Poutine voulait vraiment cette rencontre, il aurait accepté, par exemple, l’idée d’une rencontre à Genève. Les Suisses ont dit qu’il lèverait l’immunité à Poutine. Il ne se passe rien. »
Trump dit que réunir Poutine et Zelensky équivaut à mélanger « de l’huile et du vinaigre »
Même Donald Trump a semble-t-il abandonné l’idée d’une rencontre bilatérale. Le président américain a dit que réunir Poutine et Zelensky équivaut à mélanger « de l’huile et du vinaigre ».
« Nous allons voir si Poutine et Zelensky vont travailler ensemble. Vous savez, c’est un peu comme l’huile et le vinaigre. Ils ne s’entendent pas très bien, pour des raisons évidentes », a dit le président américain pendant un court échange avec des journalistes.
Le président américain s’est dit mécontent que la Russie ait frappé une usine américaine en Ukraine et « pas content » en général de la poursuite de la guerre dans ce pays.
« Je ne suis pas content de cela et je ne suis pas content de tout ce qui concerne la guerre », a répondu le président des États-Unis interrogé à propos d’une frappe russe jeudi qui a largement détruit une entreprise américaine dans la ville de Moukatchevo, dans l’ouest de l’Ukraine.
« Il y a énormément de haine », a-t-il ajouté. « Mais nous verrons ce qui se passe. Je pense que dans deux semaines, nous saurons dans quelle direction je vais », a conclu Donald Trump.
Concernant la tenue d’un sommet entre Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky, la Russie répète le même message depuis quatre jours. À chaque fois, les prises de parole des autorités russes deviennent certes plus directes, mais à chaque fois, elles envoient exactement le même message officiel : oui, le chef de l’État russe pourrait éventuellement envisager une rencontre avec Volodymyr Zelensky ; eh non, il n’est pas question de le faire autrement qu’après avoir organisé les détails d’un accord de cessation des combats.