Accusé d’accès frauduleux à un système informatique, de détournement de deniers publics et de blanchiment de capitaux, Serigne Saliou Ndiaye, 40 ans, acteur bien connu des séries sénégalaises et « social media manager » à Sénégal Numérique (Senum SA), a été déféré hier au parquet, révèle le quotidien Libération. L’affaire, déclenchée par un audit interne, met en lumière un préjudice estimé à plus de 46 millions de F CFA, en dépenses personnelles effectuées avec la carte bancaire professionnelle de l’entreprise.
Tout commence lorsqu’Isidore Diouf, nouveau directeur général de Senum SA, lance un audit interne. Avec le directeur administratif et financier, Bécaye Touré, il constate une inflation suspecte des dépenses sur la ligne budgétaire « communication digitale ». L’enquête interne révèle que la carte bancaire professionnelle, dédiée à ces frais, aurait été utilisée à des fins strictement personnelles.
Face à la pression, Serigne Saliou Ndiaye se présente de lui-même à sa hiérarchie, avouant avoir détourné la carte bancaire de l’entreprise pour régler des achats privés, invoquant des difficultés personnelles et un salaire « insuffisant » de 440 000 F CFA par mois. Dans une déclaration manuscrite datée du 25 juin 2025, il reconnaît avoir commencé ses agissements en novembre 2024, pour un montant estimé à 21 167 477 F CFA.
Mais Libération révèle que la banque CBAO a fourni des relevés bien plus compromettants : les transactions douteuses s’étalent de janvier 2024 à juin 2025, soit dix mois avant ses premiers aveux. Montant réel du préjudice ? 46 396 984 F CFA, soit plus du double de la somme initialement avancée.
Les investigations montrent que le « social media manager » a sauvegardé sur son ordinateur professionnel les données de la carte bancaire, utilisées ensuite pour régler divers abonnements et achats personnels sur des plateformes telles que Google Play Store, App Store, YouTube Premium, Netflix, Facebook Ads, Google Ads, Canva, Metricool, Yango, Alibaba ou Shein.
Les dépenses liées à Yango atteignent à elles seules 15 972 568 F CFA, l’accusé expliquant qu’il gérait des chauffeurs partenaires et reversait les commissions… en utilisant la carte de l’entreprise. Sur Alibaba et Shein, il achetait des gadgets électroniques, cosmétiques, vêtements, chaussures, montres et autres accessoires qu’il revendait sur ses sites e-commerce Casciaono.shop et Zb-men.com.
Face aux enquêteurs de la Dic, il a admis les faits, proposé un remboursement intégral et même suggéré un prêt bancaire pour solder sa dette, tout en demandant à conserver son poste. Mais au vu des charges, le scénario judiciaire qui se dessine pour lui risque d’être bien plus sombre que les intrigues télévisées auxquelles il a habitué le public.