À Thiès, le nom de Ndoumbé Ndiaye est désormais murmuré avec douleur et incompréhension dans les rues du quartier Darou Salam. Mareyeuse bien connue et gérante d’une tontine, elle est décédée le 27 juillet 2025, soit une semaine après une violente agression à la machette. Mais ce qui aurait pu être une tragédie de plus dans une ville minée par l’insécurité connaît aujourd’hui un tournant judiciaire majeur.
Selon les révélations exclusives du quotidien L’Observateur, les résultats de l’autopsie de Ndoumbé Ndiaye pourraient renforcer les charges pesant sur le principal suspect, Malick Sarr, déjà écroué depuis le 23 juillet. Une demande de réaudition a été formulée par le parquet à la lumière de ces nouvelles données.
Une agression brutale… par un suspect au profil déroutant
Le 20 juillet 2025, vers 5 heures du matin, Ndoumbé Ndiaye rentrait chez elle après avoir accompagné sa coépouse à la gare routière. Seule dans les rues encore sombres de Darou Salam, elle a été interceptée par trois agresseurs armés de machettes. L’attaque a été d’une rare violence : trois coups portés, dont un à la tête et deux aux bras.
Mais l’un des détails qui intrigue le plus, et que L’Observateur souligne, c’est l’identité du principal suspect : Malick Sarr, 25 ans, un jeune homme amputé d’un bras. Comment un individu physiquement diminué aurait-il pu infliger seul une telle violence ? C’est toute la question qui alimente les discussions à Thiès.
Interpellé rapidement par la police du 1er arrondissement, Malick Sarr a été inculpé pour agression. Ses deux complices, eux, sont toujours en fuite.
L’autopsie : un élément décisif pour la justice
Initialement poursuivi pour coups et blessures volontaires, le dossier prend un tout autre visage après la mort de la victime, sept jours plus tard. Le procureur de la République a ordonné une autopsie du corps, confiée à l’Hôpital général Idrissa Pouye (Hogip) de Grand-Yoff.
Les conclusions tombées le 29 juillet 2025 sont précieuses pour l’enquête. Elles révèlent que Ndoumbé Ndiaye est décédée dans un contexte de cardiomyopathie hypertrophique et ischémique décompensée, avec plaies superficielles et hématome du cuir chevelu. En clair, des problèmes cardiaques préexistants auraient été exacerbés par le choc de l’agression, créant un enchaînement fatal.
Une interprétation qui ouvre la voie à une requalification des faits. L’enquête doit désormais déterminer si l’agression est la cause directe ou indirecte du décès, ce qui pourrait transformer l’inculpation initiale de Malick Sarr en homicide involontaire – ou pire.
Une procédure judiciaire ralentie, mais relancée
Sur réquisition du procureur, Malick Sarr a été extrait de prison le 5 août 2025 pour une nouvelle audition par la police. Mais la grève des greffiers, en cours ce jour-là, a empêché sa présentation au parquet. Il a donc été reconduit en détention en attendant une prochaine convocation.
En parallèle, les deux autres suspects sont activement recherchés. Selon une source de L’Observateur, ils appartiendraient au même groupe de jeunes délinquants qui ciblaient régulièrement Ndoumbé, consciente que sa position de gérante de tontine la rendait vulnérable.