En ouvrant ce matin l’atelier stratégique sur l’évaluation des codes pétrolier, gazier et minier, le Premier ministre Ousmane Sonko a mis cartes sur table : l’exploitation des ressources naturelles du Sénégal doit désormais se faire dans l’intérêt exclusif du peuple sénégalais.
Entouré du ministre du pétrole, des mines et de l’énergie, Birame Soulèye Diop, et du président de l’ITIE/Sénégal, Thialy Faye, le chef du gouvernement a salué le travail du comité ad hoc de la Primature chargé de la relecture des contrats déjà signés. Selon lui, « les intérêts du pays n’ont pas été pris en compte dans les anciens codes », dénonçant un héritage législatif favorable aux multinationales et défavorable à l’État.
Des contrats léonins et des pratiques douteuses
Ousmane Sonko a dressé un tableau sans complaisance du secteur extractif, révélant des violations majeures dans les contrats passés. Il pointe notamment la sélection d’opérateurs peu crédibles, parfois domiciliés dans des paradis fiscaux, sans réelle capacité technique ni financière. « Nous avons donné à un opérateur un de nos blocs les plus prometteurs pour qu’il en fasse ce qu’il en a fait après », a-t-il regretté.
Le Premier ministre a également dénoncé des manquements graves au cadre légal lors des phases d’attribution et de cession de droits. « Les autorités ministérielles ne faisaient pas le travail de vérification qu’il fallait », affirme-t-il, évoquant aussi des pertes fiscales importantes liées à des exonérations indues, au non-paiement de redevances, et à la manipulation des prix de transfert.
Vers une réforme profonde et équilibrée
Face à ces dérives, le gouvernement entend revisiter l’ensemble des dispositifs juridiques régissant le secteur. Sont concernés : le code pétrolier, le code minier, le code gazier, ainsi que les textes connexes. Une phase de renégociation est en cours, avec l’objectif de corriger les déséquilibres et d’instaurer plus de transparence.
« Nous ne sommes pas dans une dynamique d’avoir un code dissuasif, mais nous ne sommes pas non plus pour un code permissif qui ferait gagner à tout le monde sauf au peuple sénégalais », a insisté Ousmane Sonko.
À ceux qui s’inquiètent d’un possible désengagement des investisseurs, il répond par la transparence et l’équité. « La vraie question à poser est : pourquoi l’Afrique est-elle le seul continent qui ne profite pas de ses ressources naturelles ? », a-t-il lancé, comme pour recentrer le débat sur l’essentiel.