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Propos jugés blasphématoires – “Tes propos peuvent incendier le pays” : le procureur requiert 2 ans ferme contre l’étudiante TikTokeuse Ndèye Ndakhata Dione

Propos jugés blasphématoires – “Tes propos peuvent incendier le pays” : le procureur requiert 2 ans ferme contre l’étudiante TikTokeuse Ndèye Ndakhata Dione

L’audience s’est tenue à huis clos, mais l’affaire, elle, s’est déjà propagée sur toutes les lèvres et plateformes numériques. Ce lundi 4 août 2025, le tribunal des flagrants délits de Pikine-Guédiawaye a examiné un dossier aussi sensible que brûlant : celui de Ndèye Ndakhata Dione, une étudiante de 28 ans poursuivie pour des propos jugés injurieux, blasphématoires et attentatoires à l’ordre public, tenus sur TikTok à l’encontre de figures religieuses sénégalaises.

Selon les informations rapportées par L’Observateur, la prévenue, connue sur TikTok sous le pseudo madame-fallo29, est poursuivie pour diffusion de fausses nouvelles, injures publiques, insultes à un groupe en raison de leur appartenance religieuse, et discours contraire aux bonnes mœurs. Un cocktail explosif dans un contexte national où la religion occupe une place hautement sensible dans l’espace public.
 
Un procès sous haute tension
 
Derrière les murs du tribunal, l’ambiance était électrique. L’affaire a été entendue à huis clos, à la demande de la défense, en raison de la forte charge émotionnelle et religieuse du dossier. Un choix judicieux au vu de la viralité des vidéos incriminées, où la jeune femme s’en prend ouvertement à des figures vénérées telles que Baye Niass, Cheikh Ahmed Tidiane Chérif ou encore El Hadji Malick Sy.
 
À la barre, Ndèye Ndakhata Dione ne nie pas les faits. Elle reconnaît avoir tenu des propos « blessants » mais tente de les justifier par une altercation avec une internaute d’obédience niassène : « J’ai répondu sous l’emprise de la colère. Elle a insulté Dieu en direct. » Une explication qui n’a guère convaincu la cour.
 
Le président du tribunal la sermonne avec gravité :
« Tu aurais dû te taire. Tu aurais dû imiter le Prophète qui pardonnait à ses ennemis. »
 
Le procureur, plus direct, assène :
« Tes propos peuvent incendier le pays. Tu peux être tuée pour cela. »
Avant de requérir 2 ans de prison ferme et 500 000 francs CFA d’amende.
 
Une étudiante au profil atypique
 
Face à la sévérité des réquisitions, l’avocat de la défense a plaidé l’égarement et l’immaturité. Il évoque une jeunesse en proie à l’influence des réseaux sociaux, une parole qui se débride dans un environnement numérique toxique et algorithmique, et une société qui peine à éduquer à la responsabilité en ligne.
 
« Ce qu’elle a dit est inacceptable. Mais elle n’est pas une délinquante. Elle est une mère de deux enfants, récemment divorcée à cause de ses convictions, et brillante étudiante en Master 2 de mathématiques appliquées. Elle s’est repentie, elle regrette sincèrement. Elle mérite une seconde chance », a plaidé l’avocat.
 
À la barre, la prévenue a finalement baissé la garde. Elle a exprimé des regrets profonds, reconnaissant que ses mots avaient dépassé sa pensée.
 
Une jurisprudence attendue
 
Deux lettres de plainte déposées les 27 et 28 mai ont servi de point de départ à l’affaire. Les enquêteurs ont versé au dossier des extraits de vidéos où Ndèye Dione insulte des chefs religieux et remet en cause des fondements spirituels largement reconnus. Selon le ministère public, ces propos ne relèvent pas d’un simple débat religieux, mais d’un discours dangereux, susceptible de créer un climat de tension inter-confrérique.
 
Le tribunal, tout en renvoyant le jugement au 8 juillet, a relaxé deux jeunes hommes, Mohamed Aw et Ahmed Dame Thiombane, arrêtés le même jour pour avoir filmé en direct le commissariat de police lors de l’arrestation de l’étudiante. Le juge a estimé que l’institution policière ne pouvait, en l’espèce, être considérée comme une victime directe.


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