Le Plan de redressement économique et social présenté par le Premier ministre Ousmane SONKO a suscité l’enthousiasme de Meissa Babou, enseignant-chercheur en économie à l’Université Cheikh Anta DIOP.
Dans un entretien accordé à Seneweb, il qualifie la stratégie de « convaincante » et « excellente » car elle mise sur les ressources internes. Pour lui, cette approche permet non seulement de réduire l’endettement, mais aussi de démontrer au monde que le Sénégal peut se passer des injonctions des bailleurs de fonds.
Un plan intelligent face à la pression internationale
Meissa BABOU estime que le gouvernement a fait preuve d’une grande intelligence en anticipant les pressions du Fonds monétaire international (FMI).
Selon lui, le plan de restructuration des recettes et des dépenses démontre que le Sénégal peut générer plus de 5 677 milliards de francs CFA grâce à une réforme fiscale ciblée.
« Cette initiative positive devrait permettre de revoir la perception négative qui avait conduit à la dégradation de notre note souveraine », a-t-il déclaré.
L’expert souligne que le gouvernement a su éviter d’impacter les denrées de première nécessité, se concentrant plutôt sur de nouvelles niches fiscales. « On n’a pas touché au riz, au pain ou à l’énergie », a-t-il précisé.
L’indépendance financière, une « prouesse »
Pour Meissa BABOU, l’affirmation du Premier ministre de pouvoir financer 80 % du plan de manière endogène est une « prouesse ».
Il explique que la réduction des dépenses, combinée à l’amélioration des recettes, va créer une marge budgétaire cruciale et contribuer à réduire le déficit, actuellement à 12 %.
« La meilleure option pour le FMI serait alors de coopérer« , a-t-il estimé, arguant que le Sénégal donne ainsi une leçon aux autres pays africains endettés en ne restant pas passif.
L’objectif n’est pas d’exclure totalement le FMI, qui reste un « partenaire stratégique« , mais de s’assurer de ne plus subir ses conditions.
Une fiscalité intelligente et socialement responsable
Interrogé sur la taxation des opérateurs de transfert d’argent et d’autres secteurs, l’économiste se montre confiant.
Il assure que cette mesure n’aura pas de répercussions sur les consommateurs, car elle ne touche pas aux « éléments fondamentaux de leur quotidien ».
Il applaudit cette approche qui cible des secteurs comme le ciment, le tabac, le numérique ou encore la presse en ligne, tout en finançant des secteurs de base comme la santé et l’éducation.
Il suggère même d’inclure les revenus des lutteurs professionnels, qui échappent actuellement à l’impôt.
L’universitaire anticipe une baisse drastique du taux d’endettement du pays. En se concentrant sur des investissements de base sans recourir à de gros emprunts, le Sénégal devrait réduire sa dépendance aux eurobonds et renforcer sa souveraineté financière.
« Il a exclu les PAP 1 et PAP 2 », a-t-il rappelé, soulignant le choix du gouvernement d’investir « à la base » avec les moyens disponibles.