La récente décision du ministre des Collectivités territoriales, portant sur une vérification administrative et budgétaire dans 15 communes du pays, suscite une vive attention à Mbour, notamment parce que trois des mairies ciblées appartiennent au même département : Saly, Malicounda et Mbour.
Des communes pas comme les autres. Ces trois entités territoriales sont parmi les plus dynamiques sur les plans économique et démographique du département. Elles constituent un poumon électoral, touristique et commercial du Sénégal. Mais elles ont aussi un autre point commun : elles sont dirigées par des figures politiques proches de l’ancien régime, notamment de l’Alliance Pour la République (APR) et du président sortant Macky Sall.
Dès lors, cette décision de contrôle soulève plusieurs interrogations de fond :
Va-t-on vers une mise sous délégation spéciale dans ces communes phares ? Est-ce une simple procédure administrative standard ou faut-il y voir une manœuvre politique à l’approche des élections locales ? Quel impact cette démarche pourrait-elle avoir sur les perceptions des citoyens et sur les équilibres politiques dans le département ?
Vérification budgétaire ou « reprise en main politique » ?
Sur le plan officiel, il s’agit d’une vérification classique, visant à assainir la gestion des ressources publiques, renforcer la transparence et faire le point sur la conformité des actes administratifs.
Mais le timing et le ciblage interrogent. Plusieurs analystes y voient un parfum de stratégie politique, d’autant plus que la perspective d’une délégation spéciale – en cas de constat d’irrégularités graves – suspendrait les conseils municipaux actuels et ouvrirait la voie à une reprise de contrôle par l’État central.
Dans le contexte actuel, où le régime issu du duo Bassirou Diomaye Faye / Ousmane Sonko cherche à poser ses jalons à tous les niveaux, cette option ne serait pas anodine. Écarter provisoirement les anciens barons locaux, le temps de reconfigurer le paysage politique local avant les prochaines locales, pourrait être perçu comme une manœuvre tactique habile… mais à double tranchant.
Quel regard des populations ?
Les habitants de Mbour, Saly et Malicounda sont de plus en plus sensibles à la qualité de la gouvernance locale. Si ces vérifications permettent de mettre à jour de véritables cas de mauvaise gestion, elles seront plutôt bien accueillies. Mais si elles sont perçues comme un règlement de comptes politique, le régime actuel risque d’être accusé de vouloir “nettoyer” le terrain en amont des locales, ce qui pourrait se retourner contre lui.
Les citoyens veulent des services publics efficaces, des infrastructures modernes, et une gestion équitable des ressources. La transparence et l’impartialité de la démarche seront donc déterminantes pour préserver la confiance.
Vers une recomposition locale au profit de Pastef ?
Si les contrôles aboutissent à des sanctions, Pastef pourrait y trouver un terrain favorable pour faire émerger de nouveaux profils politiques, perçus comme porteurs de rupture et d’éthique. Dans ce cas, ces vérifications deviendraient un levier de reconfiguration territoriale, renforçant l’ancrage local du nouveau régime.
Mais cela suppose une communication claire, une méthode irréprochable, et surtout, des résultats probants. Car la population n’est plus dupe : elle observe, compare, et jugera aux actes.
Conclusion : l’opération vérité attendue au tournant
Entre nécessité de reddition des comptes et suspicion d’opération politique, le gouvernement joue une carte sensible dans ces trois communes stratégiques du département de Mbour. Tout dépendra de la transparence des procédures, de l’équité des mesures prises, et de la capacité des autorités à convaincre qu’il ne s’agit pas d’un “coup politique” camouflé en mission d’audit.
En attendant, les regards sont braqués sur Saly, Malicounda et Mbour. Et les réponses ne viendront pas seulement des bureaux ministériels… mais surtout des urnes, lors des prochaines joutes électorales.