Autocensure, patriotisme, soutien aux opérations militaires : à de rares exceptions près, les médias israéliens présentent le narratif que les lecteurs et téléspectateurs veulent bien entendre sur ce qu’il se passe dans la bande de Gaza et en Cisjordanie occupée. Et cela donne aux Israéliens une perspective différente sur la situation dans l’enclave palestinienne par rapport au reste du monde.
Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu reconnaît que la situation humanitaire est dramatique à Gaza, mais seulement dans des interviews en anglais. Les Israéliens n’ont pas vraiment accès aux images en provenance de Gaza, à l’exception des lecteurs du quotidien d’opposition Haaretz qui documente tous les jours, ces dernières semaines, la véritable situation des Gazaouis.
Dans leur majorité, les Israéliens, comme l’explique le caricaturiste Michel Kichka, de Cartooning for Peace, ne cherchent pas vraiment à voir ce qui se passe dans l’enclave palestinienne : « Les Israéliens sont encore dans le traumatisme du 7-Octobre. On ne s’en relève pas. Et je pense qu’on a perdu cette empathie qu’on aurait peut-être eue dans d’autres circonstances, vis-à-vis de ceux qui ne sont pas impliqués, qui ne sont pas le Hamas. Et qui sont eux-mêmes victimes du Hamas à Gaza. »
Les journalistes israéliens se rendent à Gaza, mais seulement en compagnie de l’armée israélienne qui dicte les angles de ce qu’ils peuvent voir. Sur les plateaux de télévision, les commentateurs qui parlent de famine, de crimes de guerre et surtout de génocide sont rapidement remis à leur place. Dans certaines rédactions, l’on pratique l’autocensure sous prétexte que les téléspectateurs ne veulent pas voir ces images.
Dans l’espace public et notamment lors des manifestations hebdomadaires, la police intervient systématiquement contre ceux qui arborent des photos d’enfants gazaouis affamés. Et c’est ce qui explique l’incompréhension en Israël face aux réactions contre la politique israélienne, en Europe, mais de plus en plus également aux États-Unis.