La justice malienne a condamné un journaliste critique de la junte au pouvoir à huit mois de prison avec sursis pour « atteinte au crédit de l’État », a-t-on appris mercredi auprès du tribunal de première instance de Bamako.
Alfousseini Togo, directeur de publication de l’hebdomadaire malien Le Canard de la Venise, avait été arrêté puis incarcéré début avril à Bamako pour « atteinte au crédit de la justice, trouble à l’ordre public et diffamation ». Il avait ensuite obtenu début mai une liberté provisoire.
M. Togo, qui comparaissait lundi, a plaidé coupable lors de son procès. Il a écopé de huit mois de prison avec sursis et d’une amende de 500.000 FCFA (762 euros) « pour atteinte au crédit de l’Etat ». Le journaliste ne devrait pas retourner en prison avec cette condamnation.
« Nous ne ferons pas appel de la décision, a déclaré à l’AFP Boubacar Yalcoué, président du comité de soutien à Alfousseini Togo.
Il était reproché à M. Togo d’avoir critiqué le ministre de la Justice Mamoudou Kassogué et le pôle de lutte contre la cybercriminalité, dans un article intitulé « La justice malienne ou le mal du siècle: la bourde du ministre Mamoudou Kassogué ».
Dans cet article, M. Togo remettait en cause notamment une affirmation du ministre Kassogué selon laquelle l’indice de confiance en la justice malienne est passé de 30% à 70% en 2024.
Le Mali est dirigé par une junte depuis deux coups d’Etat en 2020 et 2021. Les militaires ont pris des mesures répressives contre la presse, suspendu l’accès ou la diffusion de plusieurs médias – notamment étrangers – et réduit au silence ou emprisonné des journalistes et autres voix critiques.
La junte a également dissous les partis politiques et des organisations à caractère politique dans le pays. Leurs membres ont également été interdits de réunion par les militaires.
Début juillet, le régime militaire a accordé un mandat de président de cinq ans renouvelable « autant de fois que nécessaire » et sans élection au chef de la junte, le général Assimi Goïta.