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Gaza : l’enfer des soldats israéliens atteints de stress post-traumatique

Gaza : l’enfer des soldats israéliens atteints de stress post-traumatique

En Israël, de nombreux soldats de retour de Gaza (Palestine) sont atteints de troubles psychologiques. Depuis le début de la guerre, 42 suicides ont été recensés chez des militaires souffrant de stress post-traumatique.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.  C’est une famille en deuil et une mère qui pleure la mort de son fils et prie pour lui. Daniel Edri s’est suicidé il y a deux semaines. L’ancien soldat était traumatisé par des mois de combat à Gaza (Palestine). Le jeune homme de 24 ans avait passé un an dans l’enclave palestinienne, et avait été reconnu par l’armée comme souffrant de troubles mentaux à son retour de Gaza. Comme lui, trois autres soldats se sont suicidés en deux semaines. Pour sa mère et sa sœur, les autorités n’en ont pas assez fait pour le sauver. « Ce n’est pas normal. Tous les jours ou presque, on entend parler d’un jeune qui met fin à ses jours et qu’une famille est brisée. Tous les jours », déplore sa sœur, Eden Edri.

Décrit par sa famille comme un jeune homme normal, Daniel aimait les voyages, la fête et la musique. Mais la guerre et son expérience de combattant l’auraient brisé. Son retour à la vie civile il y a neuf mois n’a été qu’une lente descente aux enfers. « Il se réveillait la nuit et croyait qu’il était à Gaza. Il cassait tout autour de lui, même ses instruments de musique. Il était hanté par la guerre et faisait des cauchemars », explique sa mère, Sigal Edri. Daniel Edri a mis fin à ses jours en s’immolant par le feu dans sa voiture, le 6 juillet dernier.

Au moins 42 suicides ont été recensés depuis le début de la guerre à Gaza chez les militaires et le nombre de soldats souffrant de stress post-traumatique est en hausse. Dans un centre d’appel agréé par le ministère de la Défense, la détresse des militaires revenant de Gaza est quantifiable. Ils ont reçu 6 000 appels le mois dernier. « Nous avons des milliers de soldats qui nous appellent parce qu’ils sont en souffrance. On constate une augmentation des cas d’anxiété, de dépression et de troubles émotionnels », souligne le docteur Shiri Daniels, responsable du centre d’appel Eran.

Un ranch pour apaiser les âmes
Alors, à 30 km au sud de Tel Aviv, pour réparer les âmes des appelés ou réservistes de l’armée israélienne, il y a un endroit de verdure avec des chevaux. C’est le ranch de Danny. Danny Sitrin, 56 ans, a créé ce refuge, financé en bonne partie par des dons. Autour de Danny Sitrin, toute une équipe de 35 personnes accueille et soigne les traumatisés de la guerre. Une partie de la thérapie se fait dans un manège avec les chevaux. « Pour moi, quand quelqu’un revient de Gaza ou d’une autre guerre, il est forcément très tendu. En venant ici, en se connectant avec les chevaux, il commence à retrouver le moyen d’être moins agressif », assure Danny Sitrin.

Beaucoup de patients du ranch n’ont pas la conscience tranquille. Georges, 22 ans, veut garder l’anonymat mais accepte de nous parler. Il a passé neuf mois à Gaza pendant son service militaire mais, de retour en Israël, il devient asocial, ne dort pas, ne sort pas de chez lui. Les horreurs de la guerre le hantent tous les jours : « Une partie de moi est toujours là-bas. J’entends encore des choses. Il y a des odeurs qui me renvoient là-bas. Il y a des bruits aussi. C’est comme si j’avais perdu une partie de moi-même. »

Pour évacuer ces images de mort et de destruction, des séances de thérapie en groupe ou individuelles sont organisées, et un suivi psychologique a lieu plusieurs fois par semaine pendant six mois ou un an. Amir Buskila commence à peine à relever la tête. Cela fait deux ans qu’il vit avec ses démons. Le 7 octobre 2023, ce réserviste tireur d’élite se porte volontaire. Mais sa tâche consiste alors à récupérer les corps des victimes des massacres du Hamas. Le traumatisme est profond : « J’ai une fille de trois mois et les bébés ont une forte odeur. Je ne peux pas la tenir trop longtemps dans mes bras parce que son odeur me ramène là-bas. Donc c’est presque impossible pour moi. »

L’armée israélienne ne communique pas de chiffres, mais on estime entre 17 000 et 26 000 le nombre de soldats souffrant de syndromes post-traumatiques.

franceinfo.fr


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