La commune de Kaolack est secouée par une affaire aux allures de scandale sanitaire et social. Depuis le 27 juillet, Souleymane Ba, pharmacien bien connu dans le quartier Bongré, est placé sous mandat de dépôt pour avoir pratiqué un avortement clandestin sur une élève de 17 ans, Mb. Kairé, en classe de Seconde. La jeune fille, elle aussi arrêtée, est poursuivie pour complicité.
Les faits, révélés par L’Observateur, remontent à quelques jours avant le 26 juillet. Confrontée à une grossesse non désirée, Mb. Kairé cherche une solution discrète pour y mettre un terme. Elle se tourne vers TikTok, à la recherche d’astuces ou de contacts pouvant l’aider à interrompre sa grossesse. C’est via cette plateforme qu’elle entre en contact avec un internaute installé à Dakar. Ce dernier la redirige vers un pharmacien à Kaolack, présenté comme un “spécialiste”.
Le contact s’établit rapidement avec Souleymane Ba, gérant de la «Pharmacie du S…», située en plein centre-ville. Après avoir exposé sa situation, la lycéenne reçoit une prescription de trois comprimés destinés à provoquer un avortement médicamenteux. L’échange se fait sans formalité médicale, ni examen, ni ordonnance en bonne et due forme.
Mais l’opération se passe mal. Le 23 juillet, deux jours après avoir pris les cachets, Mb. Kairé se rend à la clinique Kasnack. Une échographie révèle une grossesse évolutive de 23 semaines. Le lendemain, elle revient en urgence, cette fois en proie à des douleurs abdominales et des saignements abondants. L’examen gynécologique confirme un avortement incomplet, avec traumatisme au niveau du col utérin et présence de débris utérins. La gravité de son état pousse le médecin-chef à alerter le commissariat central de Kaolack.
Entendue par les enquêteurs, la jeune fille reconnaît avoir eu recours aux services de Souleymane Ba pour interrompre sa grossesse. Elle précise qu’il lui a remis les cachets à domicile, sans précaution médicale. Le pharmacien est interpellé le 27 juillet chez lui à Bongré. Il ne conteste pas les faits. Une perquisition permet aux enquêteurs de découvrir trois tests de grossesse, deux ordonnances vierges ainsi que des médicaments abortifs, notamment du «Mi…Pro…» et du «Nis…», des substances interdites d’utilisation hors cadre strictement hospitalier.
À l’issue de leur garde à vue, les deux mis en cause sont déférés au parquet de Kaolack. Souleymane Ba est inculpé pour exercice illégal de la profession pharmaceutique et avortement clandestin, tandis que Mb. Kairé est poursuivie pour complicité d’avortement clandestin.