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Comment CFAO a fini par céder ses enseignes Carrefour et Supeco à EDK

Comment CFAO a fini par céder ses enseignes Carrefour et Supeco à EDK

Un simple changement de main. C’est ainsi que Jeune Afrique qualifie la transaction conclue, le 23 juillet dernier, entre CFAO Consumer Sénégal et le groupe sénégalais EDK. Cette opération discrète marque pourtant un repli significatif pour le groupe français sur le marché de la grande distribution sénégalaise.

Au total, huit magasins – portant les enseignes Carrefour Market et Supeco – situés à Dakar et dans ses environs, passent sous le contrôle d’EDK, un acteur local en pleine ascension. Si le montant de la transaction n’a pas été divulgué, Jeune Afrique précise que CFAO Retail conserve néanmoins la gestion du centre commercial de Saly, destination balnéaire prisée au sud de la capitale. La cession reste soumise à la validation du ministère du Commerce et devrait être officiellement entérinée à la fin de l’été.

Officiellement, CFAO parle d’un repositionnement stratégique. Le groupe, filiale du français CFAO, se défend de toute volonté de désengagement. « Il n’y a pas de volonté de désengagement », affirme-t-on en interne, tout en assurant qu’aucun poste ne sera supprimé. CFAO entend maintenir sa présence au Sénégal via ses autres branches : Mobility, Healthcare et Green infra.

Mais en toile de fond, cette cession complète de ses activités de distribution alimentaire laisse entrevoir des résultats décevants. Déjà, en mai 2025, Franck Rouquet, directeur de la division Consumer, reconnaissait dans une interview à Jeune Afrique la fin du développement de l’enseigne Supeco en Afrique, invoquant une rentabilité insuffisante face à une concurrence moins contrainte par les règles d’importation.

Avec ce retrait du Sénégal, seuls la Côte d’Ivoire et le Cameroun restent dans le portefeuille africain de CFAO Consumer. Le rapport annuel 2024 du groupe affiche un chiffre d’affaires de 349 millions d’euros pour cette branche, sans toutefois détailler la contribution de chaque pays.

EDK, du carburant à l’alimentaire
Pour EDK, l’acquisition constitue un tournant stratégique. Fondé en 2012 par Demba Ka, le groupe s’est d’abord illustré dans le secteur pétrolier, avec près de quarante stations-service dans les 14 régions du Sénégal. Il s’est ensuite diversifié dans la restauration, l’hôtellerie, puis dans la distribution alimentaire avec sa chaîne EDK Low Price, qui compte déjà une cinquantaine de points de vente.

« Ce rachat n’est pas anodin pour un acteur aussi expérimenté », analyse l’économiste Serigne Moussa Dia, cité par Jeune Afrique. Il s’inscrit dans une dynamique de consolidation du commerce de détail sénégalais et intervient quelques semaines après l’octroi d’un prêt de 25 millions d’euros à EDK par la Société financière internationale (IFC). Sur ce montant, 10 millions sont affectés au refinancement de la dette du groupe, selon une note publiée par l’IFC.

 Un marché difficile à dompter
Ce retrait de CFAO illustre les difficultés persistantes du retail à l’« européenne » en Afrique de l’Ouest, notamment au Sénégal, où le pouvoir d’achat reste faible et où le commerce informel domine. Pour un spécialiste du secteur, également cité par Jeune Afrique, l’échec de CFAO était prévisible : « Ce n’est pas un marché adapté au retail à la française, surtout face à un géant comme Auchan, qui compte près de 60 magasins ».

Arrivée en 2014, Auchan (Senchan) est aujourd’hui le leader incontesté de la grande distribution moderne au Sénégal, ayant su adapter ses formats et ses prix aux réalités locales. Les autres enseignes, dont Carrefour et Supeco, n’ont pas réussi à s’imposer durablement.

Une recomposition discrète du paysage
Dans l’ombre des grandes marques, d’autres mutations s’opèrent. Jeune Afrique rappelle que Damag, autre opérateur historique de la distribution au Sénégal, a progressivement abandonné l’enseigne Casino au profit de Super U, dans le cadre d’une réorganisation menée par sa maison mère, Mercure International of Monaco (MIM). Une transition rendue d’autant plus urgente que le groupe Casino traverse une crise majeure en France.

 


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