Vidée par des années de harcèlement numérique, Mbathio Ndiaye brise le silence et saisit la justice. Derrière son choix de traduire en justice l’influenceur très prisé des réseaux et gestionnaire du site « Kocc Barma », une profonde blessure et un besoin viscéral de se relever.
Cette femme que beaucoup voyaient en insouciante ou frivole prend son destin à bras-le-corps. Devant l’Observateur, elle s’est confiée à cœur ouvert sur les raisons de son double dépôt de plaintes pour harcèlement et diffamation contre « Kocc Barma ».
« J’ai reçu un appel des enquêteurs de la Division spéciale de la cybersécurité (Dsc), après mes dépôts de plaintes à Dakar », indique-t-elle. Elle raconte : « Ils m’ont montré des vidéos publiées par des individus qui se disent représentants de la Dsc pour m’annoncer une supposée convocation, tout en me demandant de ne pas me rendre au siège de la police. J’ai jugé cela suspect et en ai informé mes avocats. J’ai par la suite reçu une vraie convocation et me suis rendue à la Dsc. »
Elle estime qu’il est temps de briser le silence sur les dommages subis depuis près de six ans à travers des contenus attentatoires à sa dignité, publiés sur le site géré par l’influenceur, et visant à l’humilier et la salir.
Selon la plaignante, les faits remontent à plusieurs années : « Kocc Barma ne cherchait que le buzz. Mais mes enfants grandissent, ils vont à l’école. Ce contenu leur est accessible. Mon image publique a été détruite à travers une série de publications mensongères. »
Selon la danseuse, c’est après des appels de détresse auprès des responsables de la Cité des Nations à Dubai (où elle résidait à l’époque) pour des menaces liées à ses publications, qu’elle a décidé de porter plainte.
L’Observateur a tenté de recueillir la version de l’influenceur mis en cause, sans succès. Contacté par téléphone, il a décliné toute déclaration. La procédure judiciaire suit son cours. L’instruction confiée à un juge a déjà démarré.
« Il m’exposait sur de fausses vidéos pour me salir »
Sous la pression de sa famille, Mbathio Ndiaye dit avoir longtemps gardé le silence. Mais le harcèlement a redoublé. Selon elle, des montages vidéos la montrant dans des situations dégradantes circulaient en ligne. « J’ai vécu une descente aux enfers. Il m’exigeait de l’argent ou des faveurs s£xsuelles. Il faut que cela cesse », dit-elle.
Elle évoque un isolement psychologique profond, une perte d’opportunités professionnelles et une peur permanente : « Ce site a détruit une partie de ma vie. Je demande réparation, mais aussi justice pour toutes les femmes victimes de cyberharcèlement. »
« C’est seulement hier que j’ai fait mon opposition »
Elle précise que les démarches pour faire bloquer les contenus publiés à son sujet sur le site n’avaient jamais abouti. « Les plateformes nous renvoyaient souvent vers la législation sénégalaise. » Aujourd’hui, elle souhaite aller jusqu’au bout. « Plus jamais ça », conclut-elle, la voix empreinte de colère, mais aussi de soulagement.
