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Rebasing du Pib du Sénégal : Les observations du Pr Amath Ndiaye de l’Ucad

Rebasing du Pib du Sénégal : Les observations du Pr Amath Ndiaye de l’Ucad

Enseignant chercheur à la Faculté des sciences économiques et de gestion (Faseg) de l’Ucad, le Pr Amath Ndiaye a publié une note sur le rebasing du Pib du Sénégal. Dans la note, il souligne que le Sénégal s’apprête à réviser son produit intérieur brut (PIB) en changeant l’année de référence utilisée dans ses comptes nationaux. Ce processus de « rebasing », le premier depuis 2014, a-t-il dit, intervient dans un contexte économique en mutation. Il vise à mieux refléter les richesses réellement créées dans le pays.

Le rebasing, explique l’économiste,  consiste à changer l’année de base utilisée pour calculer le Pib réel, afin d’actualiser la structure de l’économie. «Il permet de réévaluer la valeur du Pib, c’est-à-dire la richesse effectivement produite à l’intérieur du pays, en intégrant les changements intervenus depuis la dernière base (2014). Cette opération technique ne reflète pas une croissance effective, mais une amélioration de la méthode de calcul et de la couverture statistique », a fait savoir Amath Ndiaye.
 
En principe, affirme M. Ndiaye, les taux de croissance annuels antérieurs ne changent pas, mais les niveaux absolus de Pib peuvent fortement augmenter du fait de la meilleure prise en compte de certains secteurs mal mesurés ou absents des anciennes statistiques.
Selon l’enseignant, le rebasing actualisera la structure du PIB sénégalais pour mieux refléter les transformations économiques de la dernière décennie. Il informe que plusieurs secteurs verront leur poids réévalué :  le secteur informel, longtemps sous-estimé, sera mieux intégré. Il en est de même des technologies numériques, les télécommunications, le mobile-banking et l’e-commerce qui seront davantage valorisés. Les secteurs du bâtiment, des transports, de l’immobilier et du tourisme, a-t-il dit, gagneront en importance.
Les services essentiels comme la santé, l’éducation et la finance seront aussi mieux couverts.
«A noter toutefois : l’année de base retenue est 2021. Cela signifie que l’exploitation commerciale du pétrole et du gaz, qui n’avait pas encore démarré à cette date, ne sera pas prise en compte dans la structure de référence du Pib. Les effets économiques de cette activité stratégique ne seront visibles que dans les évolutions annuelles postérieures, puis pleinement intégrés dans un prochain rebasing, probablement après 2025 », a analysé l’économiste.
 
Amath Ndiaye soutient que le rebasing aura plusieurs impacts économiques et politiques. Il a indiqué que  le ratio dette/Pib va automatiquement baisser, car le Pib réévalué sera plus élevé. Cela pourrait améliorer temporairement l’image du Sénégal auprès des partenaires et agences de notation.
 
Mais cette évolution, note l’enseignant,  ne modifie en rien la charge réelle de la dette : le service de la dette accapare encore 26 % des recettes fiscales, un niveau qui reste très préoccupant et qui pèse lourdement sur les marges budgétaires.
 
Il renseigne que le rebasing n’écarte donc pas la nécessité urgente de mesures de redressement budgétaire, notamment pour améliorer la mobilisation des ressources internes, rationaliser les dépenses et contenir le déficit.
 
«Au-delà de l’effet statistique, le rebasing doit être l’occasion de renforcer la transparence, la rigueur et la régularité des statistiques économiques. Il constitue aussi un levier pour repenser les priorités budgétaires et économiques du pays sur des bases plus réalistes », a dit l’enseignant à l’Ucad.
Adou FAYE


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