Battu dimanche dernier par Siteu – « moins de trois minutes » de combat, Balla Gaye a peut-être perdu plus qu’un combat. Une partie de son mythe semble s’envoler avec cette défaite surprise.
Plus la montagne est haute, plus la chute est rude. Balla Gaye 2 vient de vivre une illustration parfaite de cet adage. Une défaite inespérée, rapide et sans appel face à Siteu, l’un de ses plus féroces adversaires. Ce combat pourrait bien être celui de trop pour le Lion de Guédiawaye, dont le mythe est sérieusement écorné.
Balla Gaye 2 voit son ambition de rester au sommet du cercle des rois des arènes, détenue actuellement par son éternelle rivale et victime préférée, Modou Lô, réduite en poudre dans les bas-fonds de la hiérarchie, et ce, de la manière la plus humiliante.
Il a suffi d’un seul enchaînement bien senti, bien placé et bien coordonné pour que tout s’écroule face à Siteu. Malgré sa préparation de six mois, son encadrement sportif, et l’expertise de l’INSEP (Institut national du sport), cette défaite soulève de nombreuses interrogations sur l’état de forme réel du Lion de Guédiawaye.
Certains y voient un signe de déclin irréversible. « Son mythe est en train de s’effondrer dangereusement », souffle un commentateur sportif. Les admirateurs de Balla Gaye 2 eux-mêmes commencent à douter. Le lutteur, jadis craint pour son explosivité, sa puissance, et ses combinaisons fulgurantes, semble désormais dépassé par une nouvelle génération de lutteurs plus affamés et mieux préparés.
Balla Gaye 2, qui a commencé sa carrière en 2006, affiche désormais un bilan de carrière mitigé. Si ses débuts furent prometteurs, avec des victoires éclatantes contre Yékini et Modou Lô (Double Less a été la Nouvelle École), les dix dernières années furent bien plus chaotiques, faites de blessures, d’absences prolongées, et de défaites. De Boy Niang 2, à Tapha Tine, en passant par Gris Bordeaux, tous ont remis en cause la suprématie du Lion.
Avec six combats ces dix dernières années, Balla Gaye 2 a plus souvent déçu que brillé. Même ses plus fervents soutiens n’arrivent plus à le défendre.
Dans le monde de la lutte, l’érosion du mythe de Balla Gaye 2 s’explique aussi par les chiffres. Sur ses six derniers combats, il affiche plus de défaites que de victoires. L’annonce de sa succession est bel et bien lancée. Bêtir Bondoukou, alias Eumeu Sène, avait été le premier à entamer cette entreprise de démolition du mythe, en 2015. Puis sont passés Modou Lô, Tapha Tine, Gris Bordeaux ou Boy Niang 2.
Double Less a de quoi s’inquiéter. Son fils, jadis champion, ne fait plus peur. Il n’est plus ce monstre athlétique qui dominait l’arène avec sa technique et son explosivité. Aujourd’hui, la nouvelle école de la lutte n’a plus de complexe face au Lion.
Dans le monde des sports de combats. Journaliste et chroniqueur de lutte, Bab Kane est formel. « C’est la première fois que Balla Gaye 2 s’écroule aussi violemment. Siteu a bien préparé son combat. Il a su exploiter les failles de Balla. Il faut reconnaître que Siteu n’a jamais été favori. Il n’a été battu par Sa Thiès, Gouye Gui, Lac 2 et Mama Balla. Si aujourd’hui, il bat Balla, y’a problème », regrette Bab Kane.
« Le Lion n’est plus ce qu’il était. Les questions sur la forme de Balla Gaye 2 tardent à les rompre. Vertèbres, tendons, issues flasques, Balla est apparu métamorphosé. Une silhouette que Balla a présenté face à Siteu, laisse à désirer. Pourtant, c’était un produit de l’INSEP. Malheureusement, il est clair qu’il était allé très bas. Au coup de Tié, Siteu n’a eu aucun mal à mettre Balla KO en un contre Tapha Tine, Ousmane Diop, Modou Lô ou Eumeu Sène », conclut-il.
Son entourage, plongé dans l’embarras, continue de défendre son honneur. Mais difficile de masquer une réalité criante : Balla Gaye 2 a reculé dans l’ordre des choses. Il n’est plus dans le haut du panier.
L’avenir s’annonce très compliqué pour le Lion. Les fans réclament une retraite digne. Les critiques fusent sur les réseaux sociaux. « Balla n’est plus l’ombre de lui-même », entend-on. L’image du Lion recouvert de sable, impuissant face à Siteu, résume à elle seule la fin d’une ère.
Certains affirment même qu’il doit annoncer sa retraite. Boy Niang 2 le disait, Siteu aussi. Ne soyez pas surpris si un jeune lutteur le défie. Son âge ne lui permet plus d’avoir une certaine puissance physique. Il lui a également manqué du jus, de la lucidité. Balla n’est plus capable de faire ce qu’il faisait en 2009, même en s’entraînant trois ans d’affilée. Peut-être que cette fois, le message est clair.
À la lumière des éléments analysés, la journée du dimanche 20 juillet 2025 pourrait bien être celle où Balla a tout perdu. Balla doit s’arrêter, doit s’aménager une sortie honorable. Même les champions les plus glorieux ont su s’incliner avec dignité.
Ses fans et observateurs ne demandent que cela : que le Lion quitte l’arène avec panache. Car continuer serait peut-être une humiliation de trop.
L’OBSERVATEUR