La révocation de Barthélémy Dias de la tête de la mairie de Dakar a déclenché une vive réaction de l’intéressé, qui accuse le pouvoir de porter atteinte à la démocratie locale. Face à un arrêté préfectoral qu’il qualifie de « dérive grave et illégale », l’ancien édile monte au créneau et interpelle directement le président de la République.
« Il n’y a qu’un seul maire ciblé, une seule mairie visée : celle de Dakar. C’est une confiscation pure et simple du vote des Dakarois », a-t-il déclaré ce lundi, lors d’un point de presse tenu dans son bureau, après avoir affirmé avoir été empêché d’accéder à une salle publique sous pression exercée, selon lui, sur les hôteliers.
Selon Barthélémy Dias, sa révocation ne repose sur aucun fondement légal. Il pointe un arrêté préfectoral, sans le décret présidentiel requis par la loi. « Monsieur le Président, je n’ai pas encore vu de décret. Je rappelle que, sauf en cas de crime, aucun maire ne peut être révoqué de cette manière. Or, il n’y a eu ni condamnation ni procédure judiciaire pour crime », a-t-il martelé, dénonçant un « excès de pouvoir manifeste » de l’administration territoriale.
S’adressant à Bassirou Diomaye Faye, le maire déchu l’enjoint de faire respecter les règles républicaines : « Vous avez dit avoir libéré la justice, alors prenez vos responsabilités pour garantir l’État de droit », a-t-il lancé.
Plus qu’une affaire personnelle, Barthélémy Dias y voit une atteinte à l’équilibre institutionnel du pays. « Ce n’est pas pour moi que je parle. J’ai d’autres objectifs. Mais je rappelle que Dakar est la seule ville citée dans la Constitution. Ce qui s’est passé est illégal et antidémocratique », a-t-il affirmé, évoquant un « crime politique » dont les auteurs devront « rendre des comptes, quel que soit leur rang ou leur position ».
Il appelle enfin la justice, notamment la Cour suprême, à sortir de son mutisme. « Soit elle dit le droit, soit elle se tait, mais dans ce cas, elle deviendra coupable d’un déni de justice », a-t-il conclu, dans une charge frontale contre ce qu’il considère comme une tentative de musellement politique.