le 11e Congrès annuel de la Société Sénégalaise de Pédiatrie qui se tient du 17 au 19 juillet 2025, a tiré la sonnette d’alarme sur la gravité persistante des infections infantiles au Sénégal et en Afrique subsaharienne.
Réunis autour du thème « Actualités en infectiologie pédiatrique », les experts ont débattu des urgences sanitaires, des défis liés au financement de la santé néonatale et des stratégies pour atteindre les Objectifs de Développement Durable (ODD) à l’horizon 2030.
En effet, médecins, chercheurs et décideurs de la sous-région se sont retrouvés à Dakar pour le 11e Congrès de la Société Sénégalaise de Pédiatrie pour réfléchir sur la question des infections pédiatriques. Un rendez-vous d’une grande importance, alors que les maladies infectieuses demeurent la principale cause de mortalité chez les enfants de moins de cinq ans en Afrique. Rien qu’en 2021, l’OMS estimait à 800 000 les décès dus aux infections respiratoires aiguës et à 410 000 ceux provoqués par des infections néonatales, principalement dans les pays à faibles ressources.
Au cœur des échanges, la nécessité d’innover, de former et de financer de manière durable les soins pédiatriques. « Il nous faut plus d’innovation, plus d’audace, mais surtout un financement durable pour renforcer notre système de santé », a affirmé sans détour le Dr Amadou Doucouré, Directeur de la Santé de la Mère et de l’Enfant (DSME). Il a insisté sur les écarts encore importants avec les cibles des ODD : réduire la mortalité néonatale de 23 à 12 pour 1 000 naissances vivantes, et la mortalité maternelle à 70 pour 100 000.
Face à cette situation, le financement de la santé néonatale est apparu comme l’un des nœuds du problème. Plusieurs intervenants ont déploré le manque de moyens pour équiper les structures sanitaires et assurer la disponibilité des médicaments essentiels. Le ministère de la Santé promet toutefois une modernisation avec l’ouverture de pôles mère-enfant, notamment à Pikine et Diamniadio.
La présidente de la Société Sénégalaise des Pédiatres, Professeure Ramata Diagne, a pour sa part tiré la sonnette d’alarme sur les hémorragies du post-partum, responsables de 40% des décès maternels. « Ce sont des morts évitables », martèle-t-elle, appelant à une meilleure surveillance et à des dispositifs d’alerte dans les maternités.
Les experts ont aussi plaidé pour un changement de paradigme dans la formation du personnel de santé. À l’image de la Tanzanie, qui a pu baisser sa mortalité maternelle en misant sur la formation communautaire, le Sénégal veut désormais repenser ses méthodes pédagogiques.
Pendant trois jours, le congrès va également explorer des thématiques prioritaires telles : le sepsis, la pneumonie, la diarrhée aiguë, le paludisme, l’infections ORL, les encéphalites, mais aussi les complications infectieuses chez les enfants atteints de maladies chroniques. Une mobilisation salutaire, face à une réalité que nul ne peut plus ignorer.