Nommé avec enthousiasme à la tête de la sélection libyenne en mars dernier, Aliou Cissé, accompagné de son adjoint Youssoupha Dabo, menace déjà de partir. En cause : plusieurs mois de salaires impayés. Ce départ précipité, s’il se confirme, serait un terrible revers pour le football libyen, qui misait sur l’expertise du technicien sénégalais pour écrire une nouvelle page de son histoire.
À peine quatre mois après sa nomination, Aliou Cissé pourrait tourner le dos à la sélection libyenne. L’ancien sélectionneur des Lions du Sénégal, censé incarner le renouveau du football libyen, est aujourd’hui au bord de la rupture avec la Fédération libyenne de football. La cause ? Plusieurs mois de salaires impayés, une situation que partage également son adjoint, Youssoupha Dabo. Face à l’impasse, le tandem sénégalais a posé un ultimatum : si la situation n’est pas régularisée d’ici la fin de la semaine, ils quitteront leurs fonctions sans retour.
Le contraste est saisissant. En mars dernier, Aliou Cissé débarquait en Libye avec l’image d’un homme de projet, motivé, fidèle à une ligne de travail rigoureuse et tournée vers la stabilité. « Je suis un homme de projet, je ne suis pas un aventurier », affirmait-il lors de sa première conférence de presse. Après dix ans à la tête du Sénégal, où il a offert au pays sa première Coupe d’Afrique en 2022, Cissé semblait vouloir relever un nouveau défi ambitieux, misant sur la reconstruction d’un football libyen en quête d’identité.
Son contrat, valable jusqu’en 2027, incluait une année supplémentaire en cas de qualification à la CAN. Avec un salaire mensuel estimé à 76 000 euros, soit environ 49,8 millions de FCFA, il devait devenir l’un des entraîneurs les mieux rémunérés du continent. Un statut prestigieux, à la hauteur de son parcours, mais qui n’a, jusqu’à présent, pas été honoré.
Cette crise de confiance, née des retards de paiement, remet brutalement en question l’ensemble du projet. Au-delà du préjudice financier, c’est surtout l’image de la Fédération libyenne qui se trouve ternie. Perdre un duo aussi expérimenté que Cissé et Dabo en quelques mois serait un véritable échec institutionnel, révélateur des lacunes structurelles du football local.
Si aucun accord n’est trouvé dans les prochains jours, c’est tout un pan de l’ambitieux projet libyen qui s’effondrera avant même d’avoir débuté. Un départ précipité qui sonnerait comme un signal d’alarme pour les autorités sportives africaines : même les techniciens les plus titrés ne peuvent construire durablement sans garanties sérieuses.