À l’approche de l’élection du 2 août à la tête de la Fédération sénégalaise de football (FSF), Augustin Senghor, en poste depuis 2009, brigue un sixième mandat. Mais la partie s’annonce plus serrée que jamais, avec six candidats en lice, dont Mady Touré, figure montante du football local. Entre bilan sportif éclatant, désaveux politiques et alliances mouvantes, le scrutin s’annonce décisif pour l’avenir du football sénégalais.
Le compte à rebours est lancé pour l’élection du président de la Fédération sénégalaise de football (FSF), prévue le 2 août prochain. Augustin Senghor, avocat de formation, maire de Gorée et président de l’US Gorée, tentera de prolonger un règne entamé en 2009. Candidat à sa propre succession, il devra toutefois faire face à une opposition inédite, regroupant six prétendants parmi lesquels Mady Touré, fondateur de l’académie Génération Foot, d’où sont sortis plusieurs internationaux sénégalais comme Sadio Mané, Ismaïla Sarr ou encore Pape Matar Sarr.
Senghor, 59 ans, reste une figure de poids dans le paysage du football africain. Vice-président de la Confédération africaine de football (CAF) jusqu’en mars dernier, il a contribué à l’un des plus grands succès de l’histoire du sport sénégalais : la victoire en Coupe d’Afrique des Nations (CAN) en 2022, suivie de plusieurs sacres continentaux dans les catégories jeunes et en beach-soccer. Mais derrière ce palmarès impressionnant, les derniers mois ont été marqués par des turbulences.
La démission contrainte d’Aliou Cissé, sélectionneur des Lions de la Teranga depuis 2015, a illustré la fragilité de sa position face aux autorités étatiques. Opposée à son maintien, la tutelle ministérielle a imposé le départ du technicien, désavouant ainsi la fédération. Ce bras de fer a révélé une fracture politique latente : Senghor, perçu comme proche de l’ancien président Macky Sall, semble désormais en décalage avec les nouveaux équilibres du pouvoir.
L’élection s’annonce donc très ouverte. Parmi ses challengers : Aliou Goloko (Académie de Diamaguène), Oumar Ndiaye (AS Yakaar), Abdoulaye Fall (AS Bambey), Abdou Thierry Camara (Demba Diop FC), Moustapha Kamara (Coton Sport) et bien sûr Mady Touré, dont la candidature bénéficie d’un écho particulier. Vision axée sur la formation, meilleure transparence, soutien au football féminin et amateur : Touré avance des propositions structurées qui séduisent au-delà de son cercle proche. Il est considéré par plusieurs observateurs comme le principal rival de Senghor, surtout depuis que certaines figures clés de la fédération, comme l’ancien vice-président Abdoulaye Sow ou Cheikh Seck du Jaraaf, ont rallié d’autres camps.
Des signes de possibles recompositions intriguent. Le 7 juillet, lors du lancement officiel de sa campagne, Mady Touré a reçu le soutien discret de certains membres de la mouvance Senghor, une présence qui a suscité commentaires et spéculations. Si les relations entre les deux hommes restent respectueuses, certains espèrent un rapprochement stratégique. Mame Adama Ndour, membre du comité exécutif de la FSF, a même appelé à une collaboration entre les deux figures pour « renforcer le football sénégalais ».
Les prochains jours pourraient donc réserver des surprises dans un paysage électoral marqué par les jeux d’alliance et les repositionnements. À quelques semaines du scrutin, une voix issue d’un club de Ligue 1 résume l’état d’esprit général : « Ce serait une sortie honorable pour Senghor de passer la main après cinq titres majeurs, tout en accompagnant la relève. Mais c’est à lui seul d’en décider. »