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Candidat à un 5e mandat à la FSF : Me Augustin Senghor, le pari risqué

Candidat à un 5e mandat à la FSF : Me Augustin Senghor, le pari risqué

Président de la Fédération sénégalaise de football depuis 2009, Me Augustin Senghor est candidat à un cinquième mandat. Un choix audacieux, voire risqué, dans un contexte où sa légitimité semble plus fragile que jamais.

Longtemps dans la posture de l’homme fort du football sénégalais, Me Augustin Senghor s’apprête à jouer le match le plus difficile de sa carrière de dirigeant : celui de sa propre succession. À la tête de la Fédération sénégalaise de football (FSF) depuis un quatrième mandat, après avoir été réélu sans opposition en août 2017, l’actuel président est en campagne pour un cinquième mandat successif. Un pari risqué, dans un contexte où sa légitimité semble fragilisée par l’usure du pouvoir, les contestations internes, et la montée de nouveaux profils issus de l’univers du football.

Conseil de la FIFA en mars dernier, Me Augustin Senghor qui a démissionné de son poste de 1er vice-président de la CAF, devra aller à la conquête d’un cinquième mandat de président de la Fédération sénégalaise de football, ce qui est maintenant officiellement annoncé sur l’initiative de l’actif Abdoulaye Fall. Le président sortant semble avoir pris cette décision sans passer par une section électorale. Une épreuve décisive s’annonce donc dans les semaines à venir, et les signaux en provenance du monde du football sénégalais ne semblent pas tous favorables à la poursuite de son magistère.

Depuis son arrivée à la tête de la FSF en 2009, Me Augustin Senghor a largement marqué de son empreinte le football sénégalais. Sous sa direction, les Lions de la Téranga ont atteint la finale de la CAN 2019 et ont décroché le titre tant espéré en février 2022. Mais au-delà des performances sportives, des critiques se multiplient sur la concentration des pouvoirs, l’absence de renouvellement des instances, et le manque d’ouverture à de nouvelles figures. Les contestataires pointent également une gouvernance jugée trop centralisée autour de la personne du président. Alors que d’aucuns plaident pour une nouvelle génération de dirigeants, la candidature de Me Augustin Senghor pourrait bien se transformer en baroud d’honneur. Le cinquième mandat s’annonce donc comme un tournant. Il peut être, comme le débat d’une ère.

« C’est une candidature de trop »

« C’est une candidature de trop. Il (Senghor) a fait quatre mandats. Quatre mandats, cela veut dire qu’il a fait 16 ans. Il doit céder la place aux autres qui peuvent continuer le travail. Il est estimé qu’il a permis au football sénégalais d’être là où il est aujourd’hui. » Manque de pouvoir, c’est ce que reproche Souleymane Ndiaye à Me Augustin Senghor. Mais au-delà de ce bilan, l’ancien ministre des Sports considère qu’il est temps de passer la main. « C’est une forme de confiscation du pouvoir », dit cet acteur du football depuis les temps anciens dans une zone où le football populaire est respecté et dans laquelle une jeunesse tente de faire sa mue. Pour Augustin Senghor, la situation est difficile, les opposants s’organisent. Les interrogations aussi. Le président sortant est accusé d’avoir un fonctionnement basé sur un cercle restreint. « Il faut une gestion inclusive, or tout est centralisé autour de la personne d’Augustin Senghor », explique un responsable de club dakarois. D’autres critiques pointent un manque de transparence sur les questions financières, la mise à l’écart de certaines ligues, ou encore une gouvernance jugée opaque et peu démocratique.

« Il se passe un délit de faciès »

Pour autant, Augustin Senghor peut aussi faire valoir de solides arguments. Juriste de formation, il a su gagner une reconnaissance internationale. Membre du Conseil de la FIFA, ancien vice-président de la CAF, il incarne une certaine expertise et une légitimité au-delà des frontières. Ses partisans mettent en avant son rôle déterminant dans la progression du football sénégalais, notamment avec la victoire historique à la CAN 2022, et la qualification du Sénégal à plusieurs coupes du monde. « Il a professionnalisé la gestion du football, structuré la FSF, attiré des sponsors et permis des performances inédites », défendent ses soutiens. Pour eux, ce sont là des acquis majeurs que ne peuvent revendiquer les autres candidats. « Je trouve qu’il ne pousse un débat de fond, les gens se comportent comme s’ils avaient un problème avec Senghor sur le Manko (l’unité du football sénégalais) et non sur sa responsabilité juridique. Il faut que Senghor reste. Il a des résultats à faire valoir, donc il faut qu’il reste. Mais objectivement, il est dans son droit de se représenter. Il est membre de la CAF, membre du Conseil de la FIFA, depuis plusieurs années. Il est sur tous les dossiers importants. C’est un homme d’expérience et d’engagement. Quand on l’attaque sur la longévité, je pense qu’il faut aussi regarder les résultats obtenus. Il a été constant. On ne peut pas l’enlever ça », indique un de ses proches. Un avis que ne partagent pas les frondeurs. La bataille s’annonce donc rude. Jusqu’ici, c’est l’ancien directeur technique national (Abdoulaye Fall) et Bacary Cissé, président de l’Union des clubs amateurs de football, qui ont officiellement annoncé leur candidature face à Dakar, précise le proche de Me Senghor.

Forces et faiblesses
Dans une de ses contributions, Cheikh Bâ, ancien directeur général de la société des Jeux et de la société panafricaine des Anges de la Médiation, fait le diagnostic des forces et faiblesses de Me Augustin Senghor. Il salue les résultats obtenus à la CAF, à la FSF et même à la FIFA.

Pour lui, Me Senghor a joué un rôle décisif dans la CAN 2022 et le renforcement des clubs nationaux. Il a également réussi à crédibiliser la FSF auprès des bailleurs, renforcer les liens avec les institutions sportives internationales (CAF Forward), et obtenu des financements. Mais il reconnaît aussi ses limites : « La centralisation excessive des décisions, l’insuffisance de la promotion du football féminin, la frilosité à renouveler les hommes, et une forme d’épuisement de son propre système de gouvernance », écrit-il dans une note d’analyse.


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