La Turquie se propose de faciliter la reprise des discussions entre les États-Unis et l’Iran sur le programme nucléaire de la République islamique, mais seulement une fois qu’Israël aura cessé ses frappes. « La solution passe par la diplomatie », a lancé Recep Tayyip Erdogan ce samedi 21 juin
Depuis le début des frappes israéliennes sur l’Iran, le président turc Erdogan multiplie les appels téléphoniques. Il s’est notamment entretenu deux fois avec son homologue américain Donald Trump, et deux fois avec son homologue iranien Massoud Pezeshkian, indique notre correspondante à Istanbul, Anne Andlauer. En revanche, un échange avec le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu semble exclu. Les relations turco-israéliennes sont au plus bas en raison de la guerre à Gaza.
Le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a accusé ce samedi Israël d’entraîner la région vers un « désastre total » au neuvième jour de la guerre avec l’Iran, à l’occasion d’une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) à Istanbul. « Il n’y a pas un problème palestinien, libanais, syrien, yéménite ou iranien, mais il y a clairement un problème israélien », a lancé Hakan Fidan, appelant à stopper l’« agression sans limites » contre l’Iran.
Un rôle de médiateur entre l’Iran et les États-Unis, mais à une certaine condition
Cette fois, ce n’est donc pas entre Israël et l’Iran que la Turquie ambitionne de jouer les médiateurs, mais bien entre Téhéran et Washington, soutien de Tel Aviv. « Nous devons empêcher que la situation ne dégénère en une spirale de violence qui mettrait encore davantage en péril la sécurité régionale et mondiale », a ajouté le ministre turc devant plusieurs dizaines de ses homologues de pays membres de l’OCI.
C’est dans cette optique que son président, Recep Tayyip Erdogan, qui a rencontré le chef de la diplomatie iranienne en marge de la session de l’OCI, s’est à nouveau dit prêt à transmettre des messages : « Notre région ne peut pas se permettre une nouvelle guerre, a-t-il estimé. Ce dont nous avons besoin, c’est de bon sens et de prudence. Je répète que la solution passe par la diplomatie et le dialogue, et que nous sommes prêts à prendre nos responsabilités, y compris à jouer un rôle de facilitateur. »
Erdogan en habitué de la médiation entre les États-Unis et l’Iran
En revanche, Téhéran refuse pour l’heure toute reprise des négociations nucléaires avec les États-Unis tant qu’Israël ne cessera pas ses attaques. Même si Recep Tayyip Erdogan a assuré considérer que la reprise des discussions sur le sujet est le seul chemin vers une résolution du conflit en cours. Le président turc avait aussi accusé plus tôt les pays occidentaux d’apporter un « soutien inconditionnel » à Israël, affirmant qu’Ankara ne laisserait pas les frontières régionales être redessinées « dans le sang ».
Avec toutes ses attaques, le gouvernement Netanyahu a une fois de plus prouvé qu’il constituait le principal obstacle à la paix régionale
Ce ne serait pas la première fois que la Turquie endosse ce rôle de médiateur. L’an dernier, la diplomatie turque avait déjà servi d’intermédiaire entre les États-Unis et l’Iran pour s’assurer que la riposte de Téhéran à des frappes israéliennes contre un consulat iranien à Damas, en Syrie, resteraient « proportionnées ». La Turquie, par ailleurs, souligne qu’elle a les moyens de contribuer à une solution diplomatique au problème du nucléaire iranien. Istanbul ayant accueilli le mois dernier des négociations sur ce sujet entre l’Iran et des puissances européennes.
À noter également que Recep Tayyip Erdogan a annoncé l’ouverture d’un bureau de l’UNRWA en Turquie. L’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens posera ses valises dans la capitale turque, Ankara. Une arrivée synonyme de renfort du soutien financier turc à l’agence, qui a été interdite en Israël.