Le débat sur la rationalisation des partis politiques au Sénégal ressurgit avec acuité, à l’heure où le pays compte plusieurs centaines de formations déclarées, dont la majorité reste inactives sur le terrain. Dans une déclaration à la presse, Mamadou Lamine Diallo, président du mouvement Tekki, s’est penché sur la question sensible des coalitions politiques, dont l’existence constitutionnelle, selon lui, affaiblit la structure partisane.
« À partir du moment où les coalitions ont été insérées à côté des partis politiques dans la Constitution, elles ont fragilisé les partis politiques », affirme-t-il, pointant une ambiguïté juridique entretenue depuis plusieurs années. Selon l’économiste et député, le cadre légal actuel crée un déséquilibre : « Il n’y a pas de loi pour les coalitions, mais il y en a une pour les partis politiques qui date de 1981 ».
Mamadou Lamine Diallo estime que l’absence de régulation autour des coalitions favorise la prolifération anarchique de partis, souvent créés dans le seul but d’accéder à des coalitions électorales plus larges. « Ceci est apparu comme une incitation à créer des partis politiques ; les coalitions étant là pour assurer une participation formelle aux activités politiques et électorales. Ce qui a entraîné cette inflation de partis politiques qui agace le peuple de plus en plus », déplore-t-il.
Pour remédier à cette situation, le président du mouvement Tekki préconise une réforme constitutionnelle claire : « Ma conviction est qu’il faut enlever de la Constitution la notion de coalition et la garder, si nécessaire, dans le Code électoral », propose-t-il. Il plaide également pour l’instauration d’un encadrement juridique plus strict : « Il faut faire une loi sur les partis politiques et les coalitions. Les critères de création d’une coalition doivent être revus et rendus plus rigoureux », soutient Mamadou Lamine Diallo, avant de rappeler que « les coalitions n’ont pas vocation à se substituer aux partis politiques ».
Enfin, il s’est exprimé sur une autre question délicate : celle de la dissolution des partis politiques. Faisant référence à la récente affaire Pastef, il met en garde contre les dérives institutionnelles possibles : « Attention à la dissolution des partis politiques. Le cas Pastef doit pousser à réfléchir. Qui doit dissoudre le parti politique ? Le PR ou le Conseil constitutionnel ? », s’interroge-t-il, appelant à clarifier les compétences des autorités compétentes en la matière.