L’ancien ministre de l’Agriculture, Aly Ngouille Ndiaye, a pris part ce mardi matin au dialogue politique convoqué par le président de la République, Bassirou Diomaye Faye. Face au chef de l’État et à plusieurs membres du gouvernement, l’ancien ministre a salué l’initiative tout en exprimant des préoccupations majeures, notamment sur la situation de la presse, les restrictions de liberté et le fonctionnement de la Haute Cour de Justice.
Dès l’entame de son intervention, Aly Ngouille Ndiaye a tenu à rappeler l’importance du dialogue dans l’histoire politique sénégalaise : « Nous avons vécu des moments de dialogue avec les anciens présidents, notamment Abdou Diouf, Abdoulaye Wade, et jusqu’à Macky Sall. Le dialogue a toujours été le socle de notre démocratie et de notre vivre-ensemble. » Il a également salué le maintien par le président Diomaye Faye de la date du 28 mai, instituée sous Macky Sall comme journée nationale du dialogue, y voyant « un signal fort pour notre démocratie ».
Mais rapidement, l’ancien ministre a recentré son propos sur ce qu’il considère comme une régression des libertés publiques depuis le changement de régime. Il a dénoncé « les interdictions de sortie du territoire national », les qualifiant d’« illégales » et contraires à 8 de la Constitution qui garantit la liberté de circulation. « Il est impératif de dialoguer, mais nous avons constaté que depuis votre arrivée à la tête du pouvoir, les libertés ont subi un énorme coup », a-t-il lancé à l’endroit du président Diomaye Faye.
S’exprimant ensuite sur la situation de la presse, Aly Ngouille Ndiaye a invoqué 11 de la Constitution pour rappeler que « la création d’un organe de presse ne nécessite pas d’autorisation préalable ». Il s’est insurgé contre les récentes mesures prises par le ministère de la Communication ayant conduit à l’interdiction de diffusion de certains médias : « Ce qui est totalement contraire à la bonne gouvernance », a-t-il fustigé.
Enfin, abordant la question de la reddition des comptes, l’ancien ministre a dirigé ses critiques vers la Haute Cour de Justice, qu’il a qualifiée de « juridiction la moins performante du pays ». Selon lui, en soixante ans, cette institution n’a jugé que deux personnalités, dans des conditions fortement contestées : « C’est une juridiction composée majoritairement de politiques du côté du pouvoir », a-t-il dénoncé. Il a aussi pointé l’impossibilité pour un justiciable devant cette cour de faire appel, ce qui selon lui constitue une grave entorse aux droits fondamentaux.
Par cette intervention ferme, Aly Ngouille Ndiaye a posé un diagnostic critique de l’état actuel des libertés au Sénégal, tout en appelant à une vigilance accrue sur les pratiques de gouvernance et le respect des principes démocratiques.