Sidi Ould Tah, le nouveau président de la Banque Africaine de Développement (BAD), fait face à des défis majeurs dans un contexte économique mondial complexe. Son élection, qui s’est déroulée ce jeudi au Sofitel Ivoire à Abidjan, a réuni 81 actionnaires lors de l’assemblée générale annuelle. Le Mauritanien succède au Nigérian Akinwumi Adesina, en poste depuis 2015, après avoir remporté la double majorité absolue des pays africains et de la totalité des actionnaires.
Parmi les cinq candidats en lice figuraient Amadou Hott (Sénégal), Dr. Samuel Maimbo (Zambie), Sidi Ould Tah (Mauritanie), Abass Tolli Mahamat (Tchad) et Mme Swazi Tshabalala (Afrique du Sud).
Fonctionnement d’une Institution Sexagénaire
La Banque Africaine de Développement, qui vient de célébrer ses 60 ans, a été créée en 1964 et a commencé ses opérations en 1965. Née à l’époque des indépendances, son objectif était de doter l’Afrique d’une institution financière d’envergure, capable de financer son propre développement.
La BAD regroupe 81 membres, dont 54 pays africains et 27 pays non-africains, chacun détenant un pourcentage de vote pour l’éélection du président. Bien que la banque finance le développement du continent, elle maintient des liens avec les bailleurs de fonds internationaux tels que la France, le Japon, la Chine, les États-Unis, ainsi que des membres du G7 et du G20. Ces derniers agissent en tant que partenaires et non comme des donneurs d’ordre.
Financements de Projets d’Envergure et Capacité Financière
La BAD fonctionne comme une banque classique, financée par ses membres actionnaires, mais elle emprunte également sur les marchés financiers. Grâce à une excellente notation par les agences de notation, elle est en mesure de lever des fonds à des taux compétitifs et de les prêter à des conditions avantageuses. Aujourd’hui, son capital est évalué à plus de 310 milliards de dollars, soit trois fois plus qu’il y a dix ans.
L’institution finance une vaste gamme de projets : hôpitaux, routes, écoles, systèmes d’irrigation, ainsi que des entreprises privées et des initiatives de transition écologique. Récemment, la BAD a concentré ses efforts autour de cinq défis majeurs : l’électrification, la sécurité alimentaire, l’industrialisation, l’intégration régionale et l’amélioration de la qualité de vie des populations africaines.
Les Défis Majeurs du Nouveau Président
Dans un environnement de plus en plus dégradé, le nouveau président, Sidi Ould Tah, devra faire face à l’endettement croissant des pays africains. Le contexte international représente également un défi majeur, notamment avec le potentiel retour de Donald Trump à la Maison Blanche. L’ancien président américain s’était déjà désengagé d’agences de coopération, entraînant une perte de près de 500 millions de dollars pour le Fonds africain de développement, un bras de la BAD.
Le nouveau président aura donc pour mission de renforcer la capacité financière de l’institution, de rétablir la confiance des partenaires et de maintenir la place de l’Afrique dans l’espace économique mondial. La Banque Africaine de Développement joue un rôle crucial pour plus d’un milliard de personnes, dont plus de 500 millions ont déjà bénéficié de ses ressources.