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Niger : Le prix de l’irresponsabilité et la rançon de la négligence

Niger : Le prix de l’irresponsabilité et la rançon de la négligence

Il y a des faits qui dépassent l’entendement et défient les lois militaires, voire la logique, tout court. Avant l’attaque d’Eknewen, il y a eu une sommation adressée aux autorités nigériennes. Dix jours plus tôt, le groupe terrorriste à savoir l’Etat Islamique au Grand Sahara ( EIGS) , a eu l’outrecuidance, la témérité et surtout a eu la capacité opérationnelle de faire parvenir directement un message comminatoire à la hiérarchie militaire du Niger, celui d’un déguerpissement immédiat de la base visée,  sinon  un assaut sera lancé,  imminemment.  Ce n’était pas un canular ni un énorme bluff. C’était un avertissement lancé par un ennemi sûr de lui , convaincu de la faiblesse de son adversaire au point de développer l’arrogance. 

Qu’a fait la junte pour contrecarrer les plans funestes des Djihadistes ? Croiser les bras et attendre, impassible, que l’irréparable se produise, de plus belle. 
Aucune mesure de dissuasion n’a été entreprise, aucun renfort n’a été déployé.  Il n’y a pas eu non plus de frappes préventives à l’aide de drones.  Pour ainsi dire, aucune disposition adaptée à la gravité de la situation et prenant en compte les menaces proférées n’a été prise pour parer au plus pressé.  L’armée nigérienne, alertée pourtant, a manqué, cruellement, de sens de l’anticipation. Ainsi, l’ennemi a eu le champ libre pour exécuter sa sale besogne en piétinant la souveraineté nationale. 

Tout cela soulève des questions : 

– Pourquoi, n’a-t-on pas utilisé les drones, préventivement, pourtant tant vantés et considérés comme le fleuron de la surveillance militaire ?
– Pourquoi, l’alerte n’a-t-elle pas déclenché un état d’urgence opérationnel ?

– Où était le haut commandement ? 

– Où sont passés les moyens de riposte ? 

– Dans quelle armée, digne de ce nom, accepte-t-on qu’une base nationale soit attaquée après un ultimatum terrorriste, très explicite et sans aucune réaction stratégique sérieuse ?

– comment les plus hautes autorités du pays, peuvent-elles restées figées alors que l’ennemi a proclamé ses intentions ?

En l’espèce, ce n’est pas qu’une erreur de commandement ou négligence humaine banales. C’est une faute impardonnable.  La junte a infligé au Niger une humiliation retentissante. Tout se passe comme si au sommet de l’Etat, on a choisi la capitulation après l’effet de saturation et d’effondrement psychologique provoqué par une guerre d’usure. On s’avoue vaincus.
Le peuple nigerien est en droit de demander des comptes.  L’armée doit s’expliquer à propos de faits graves l’incriminant sans ambages. L’état major, complètement discrédité , est sur le banc des accusés. 

En attendant, on continue à dénombrer les morts. 58 soldats auront péri.  Dans ce décompte macabre, figurent 9   corps  retrouvés décapités, ce matin au cours d’opérations de ratissage conduites par les forces engagées. La décapitation est une pratique surannée caractéristique de l’Etat Islamique au Grand Sahara ( EIGS). Toutes les victimes sont des soldats de l’armée nigérienne emportés par une attaque foudroyante. 

Hier, déjà, 38 corps sans vie avaient été acheminés à Tahoua pour y être inhumés, en catimini. Aucune couverture médiatique n’a été autorisée afin d’éviter que le carnage ne soit révélé au monde,  même si le secret n’a pu être gardé compte tenu des témoignages et de l’écho que le drame continue d’avoir. Des sources proches du commandement expliquent  l’absence de caméras et la censure des obsèques par la volonté malicieuse des autorités de prévenir l’émotion publique et de ne pas alimenter la grogne dans les casernes en exposant les énormes pertes humaines subies à cause d’une négligence coupable des autorités à tous les niveaux. 

Le chef d’état major des armées, le Général de division, Salaou Barmou a présidé les cérémonies funéraires. Il a par la suite rallié Eknewan, théâtre de la sanglante attaque et désormais symbole d’un pays qui vole en éclats où d’innombrables vies sont perdues chaque jour, la mort est à la porte de chacun. Le choc est violent et le drame est national. 
Pour rappel, 11 corps de soldats tués, dans un piteux état, ont dû être enterrés, sur le champ et sur place pour ne pas heurter les sensibilités.
L’EIGS, a frappé fort et sans faire de quartiers avec une cruauté extrême et dans un esprit de defiance à l’encontre de l’Etat du Niger. 

Dans ce contexte douloureux de deuil national, le pays attend que toute la lumière soit faite sur la tragédie, que les responsabilités soient situées, surtout que des têtes tombent. Quant aux familles éplorées, elles réclament la justice et  espèrent un traitement digne pour les martyrs afin qu’ils puissent reposer en paix, dans l’honneur.  Les  sacrifices consentis pour la nation ne doivent pas rester vains. Une gageure dans le Niger du Général Tiani qui a une pierre à la place du coeur et se cache derrière son petit doigt. On ne sait pas  qui de lui et du Niger est prisonnier de l’autre. 

Samir Moussa


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