Le Qatar tente depuis des années de vendre cet avion, autrefois utilisé par la famille royale et dont la valeur est estimée entre 133 et 160 millions d’euros, sans succès. Jusqu’à ce que Trump s’en mêle. Le président américain cherchait en effet à se doter d’un nouvel avion présidentiel, l’actuel appareil étant utilisé depuis 35 ans, depuis George H.W. Bush dans les années 1990.
3,5 milliards d’euros pour des avions qui n’arrivent pas
En 2018, les États-Unis ont signé un contrat de 3,5 milliards d’euros avec l’américain Boeing pour construire deux nouveaux avions qui pourraient servir d’Air Force One, mais le projet a été retardé. Ils seraient prêts au plus tôt en 2027, alors qu’ils étaient originellement prévus pour 2024. Leur livraison pourrait même se produire après le second mandat de Trump. Or ce dernier voudrait une solution rapide.
La Maison-Blanche a donc commencé à chercher un avion de remplacement. Une liste a été établie de 747 appareils récents dotés d’une configuration de jet d’affaires et qui se retrouvent aujourd’hui sur le marché, ce qui leur permettrait d’être rapidement convertis en avion présidentiel. Huit d’entre eux ont été retenus, dont celui vendu par le Qatar, doté du luxe qui plaît tant à Trump.
Trump cherche nouveau jet désespérément
Steven Witkoff, l’envoyé de Trump au Moyen-Orient et proche du Qatar, a organisé un vol vers la Floride à la mi-février afin que le président puisse l’inspecter. Ce fut le coup de foudre. Un coup de peinture, quelques améliorations rapides et il pourrait être prêt à voler d’ici un an. C’est du moins ce que pensait son équipe.
Depuis, les discussions ont changé de nature. Désormais, la Maison-Blanche voudrait mettre la main sur l’avion, non pas via à une vente mais sous la forme d’un don d’un gouvernement à un autre, selon le New York Times. D’après des sources de la Maison-Blanche, c’est le Qatar qui en aurait eu l’idée, ou du moins aurait été amené à proposer cette idée. Des affirmations que Doha ne confirme pas officiellement. Néanmoins, des sources gouvernementales qataries notent que l’hypothèse de base était que l’avion devait bel et bien être vendu et non offert.
Cacophonie
Où en sont les discussions aujourd’hui? Mystère. Trump insiste sur le fait qu’il a reçu l’avion en cadeau, mais une source du gouvernement qatari affirme qu’aucune décision n’a été prise et qu’il existe encore des obstacles juridiques.
Si l’appareil finit effectivement entre les mains des États-Unis, il ne sera toutefois pas si facile de le rendre opérationnel pour Trump, contrairement à ce que pense son équipe. Celui-ci doit en effet répondre à des règles de sécurité strictes, dont le coût est estimé par le Pentagone à au moins un milliard de dollars (900 millions d’euros). Selon les experts, les travaux ne seraient pas terminés avant 2027.
Pendant ce temps, les critiques – de la part des démocrates, des républicains et de l’extrême droite aux États-Unis – continuent. Ils se demandent si un tel cadeau est éthique et légal et ce que cela signifierait pour les relations entre les États-Unis et le Qatar.