Les autorités sénégalaises ont intensifié ces dernières semaines les contrôles dans les daara, ces écoles traditionnelles souvent accusées d’exploiter les enfants sous couvert d’enseignement religieux. Plusieurs seriñ-daara ont été interpellés pour « complicité de mendicité forcée », suscitant l’indignation de défenseurs de ces institutions, perçues comme des piliers de l’éducation spirituelle.
Pour Serigne Khaly Diakhaté, « la mendicité est une nécessité systémique ». En effet, le chef religieux ne nie pas les dérives, mais rejette la responsabilité sur l’État. « La mendicité des talibés n’est pas souhaitable. Mais comment l’éviter quand les daara survivent sans soutien officiel ? » Il s’étonne ainsi, décrivant des conditions de vie précaires pour les enfants et des maîtres démunis. « Nous aurions aimé disposer des moyens nécessaires pour éviter cela, mais comment faire face à l’absence de subventions étatiques malgré des années de plaidoyers ? » fulmine-t-il. C’est cependant sa charge contre le pouvoir qui marque les esprits. « Ce pays mendie pour assurer le nécessaire, et le parti au pouvoir passe son temps à quémander, notamment via les cagnottes », assène-t-il dans la foulée, faisant allusion aux financements participatifs controversés utilisés par certains responsables politiques. Pour lui, cette « mendicité institutionnalisée » invalide la moralisation prônée par l’État : « Ceux qui dépendent de l’aide internationale peuvent-ils donner des leçons ? »