Une centaine de personnes ont manifesté mardi et mercredi dans le centre du Mali pour exiger de connaître le sort d’une trentaine de villageois arrêtés la veille et emmenés par des hommes en tenue militaire, selon des élus et des témoins joints par l’AFP.
Des hommes de « l’armée », ou tout du moins « habillés avec la tenue des militaires maliens, ont arrêté des autochtones le jour de marché » (lundi), a indiqué un élu du village de Diafarabé (centre) s’exprimant sous condition d’anonymat pour raison de sécurité.
« Nous avons marché pour aller devant la mairie de Diafarabé et réclamer la vérité sur le sort de nos parents. Nous voulons savoir la vérité », a expliqué un des participants à ces manifestations.
Selon plusieurs témoins, les hommes arrêtés étaient issus de la communauté peule, régulièrement visée par des amalgames l’assimilant aux jihadistes.
L’armée malienne et son allié, le groupe paramilitaire russe Wagner, chargés notamment de traquer les jihadistes dont les violences ensanglantent régulièrement plusieurs région du pays, sont régulièrement accusés de commettre des exactions contre des civils.
« Certains disent qu’ils (les Peuls, NDLR) sont considérés comme des terroristes. Il faut arrêter les amalgames. Ce n’est pas parce qu’ils sont peuls que ce sont forcément des jihadistes », a déclaré l’élu.
Un responsable de « Tabital Pulaaku Mali », la plus grande association peule du pays, affirme avoir recensé 22 personnes enlevées lundi: « Mais d’autres civils enlevés ne sont pas sur cette liste. C’est démoralisant tout ce qui se passe », a-t-il ajouté.
« Nous, les femmes et la force vive de Diafarabé, sommes aujourd’hui réunies devant la mairie pour exprimer notre profonde indignation face à la situation qui sévit dans notre localité », a dit mercredi à l’AFP une manifestante.
« Contrairement à ce qu’ils (les militaires maliens, NDLR) prétendent, ils ne sont pas ici pour nous protéger, mais pour nous exterminer », s’insurge une autre manifestante.
Il y a deux semaines, des corps ont été découverts aux abords d’un camp militaire malien dans l’ouest du pays, quelques jours après l’arrestation par l’armée et des paramilitaires du groupe russe Wagner de dizaines de civils appartenant pour la plupart à la communauté peule.
En février, une vingtaine de civils ont été tués dans le nord du Mali quand leurs véhicules ont été pris pour cible par l’armée et des mercenaires, selon des sources locales.
Depuis qu’ils ont pris le pouvoir lors de coups d’État en 2020 et 2021 au Mali, les militaires ont rompu la vieille alliance avec l’ancienne puissance coloniale française et se sont ensuite tournés vers la Russie.
Le Mali est en proie depuis 2012 aux agissements de groupes jihadistes affiliés à Al-Qaïda et au groupe État islamique (EI) et aux violences de groupes communautaires et crapuleux.