Une tension explosive, née d’un simple contrôle routier, a plongé Bignona dans l’immobilisme. La ville, habituellement active, a été paralysée mardi 13 mai par des talibés en colère, fidèles à l’Imam El Hadj Ousmane Fansou Bodian, après un accrochage tendu avec les gendarmes.
Bignona s’est réveillée ce mardi sous un calme pesant, mais lourd de tension. Les marchés fermés, les transports à l’arrêt, les écoles désertées : la ville a été mise en veille forcée, dans ce qui s’apparente à une réplique sociale spontanée après les heurts survenus deux jours plus tôt entre les forces de sécurité et les disciples du célèbre Imam Ratib, El Hadj Ousmane Fansou Bodian.
Tout est parti d’un contrôle routier de routine, dimanche sur l’axe Diégoune. Des gendarmes, postés en faction, interpellent un véhicule soupçonné de surcharge. Mais à l’intérieur se trouvent des membres du cortège de l’Imam, venu célébrer la 33e édition de son Gamou, événement religieux majeur à Bignona. La tension monte, des mots fusent, la situation dégénère en accrochage verbal puis physique entre les forces de l’ordre et les talibés.
Des barrages, des boutiques fermées, une ville à l’arrêt
Choqués par ce qu’ils considèrent comme un affront à leur guide religieux, les talibés réagissent violemment. Mardi matin, des groupes de jeunes, visiblement galvanisés, érigent des barricades dans plusieurs quartiers de la ville. Ils ferment de force les boutiques, interrompent la circulation, délogent les élèves et incitent les chauffeurs à ne pas prendre la route.
Les appels au calme de l’Imam lui-même n’ont pas suffi à désamorcer la crise. Pourtant, un début de médiation avait été engagé lundi, réunissant des proches du guide religieux, des autorités locales et la gendarmerie, dans l’espoir de calmer les esprits. Mais sur le terrain, les talibés ont préféré exprimer leur ras-le-bol par une paralysie totale de la ville.
Un incident symptomatique d’un malaise plus profond ?
Ce soulèvement révèle bien plus qu’un simple incident. Il met en lumière une relation tendue entre forces de sécurité et populations religieusement engagées, dans une région marquée par un fort attachement aux figures spirituelles locales. L’Imam Fansou Bodian, figure influente de Bignona, jouit d’une autorité morale importante, ce qui rend tout incident à son encontre particulièrement sensible.
Les missions de médiation se poursuivent, dans un climat encore chargé d’émotions. La ville espère un retour à la normale, mais l’épisode rappelle que, dans certaines zones du pays, le lien entre autorité religieuse et paix sociale est plus que symbolique : il est vital.