Le directeur général de la LONASE et responsable politique, Toussaint Manga, a pris position dans l’affaire dite « Azoura », du nom d’Assane Guèye, poursuivi pour injures publiques contre l’ancien président Macky Sall. L’ancien député plaide pour une lecture moins réductrice du dossier et appelle à replacer les faits dans leur contexte.
« On ne peut pas analyser de façon simpliste le cas Azoura sur des faits d’injures publiques. Sa réaction est la conséquence d’une cause. Et la justice doit d’abord se pencher sur la cause avant de s’attaquer à la conséquence », a-t-il déclaré, estimant que l’émotion populaire ne saurait justifier à elle seule des poursuites pénales sans une analyse approfondie du passé récent du Sénégal.
Entre 2021 et 2024, plus de 1500 opposants ont été, arrêtés, torturés ou incarcérés sur la base d’accusations souvent fallacieuses, voire pour le simple fait de gêner politiquement les anciens dignitaires du régime de l’APR. Toussaint Manga, lui-même ancien prisonnier sous le régime de Macky Sall, revient sur les événements qui, selon lui, ont nourri les frustrations d’une partie importante de la jeunesse.
« Quelqu’un qui fait emprisonner injustement des milliers de personnes. Quelqu’un à cause de qui des dizaines de jeunes innocents sont morts. Quelqu’un à cause de qui certains sont borgnes, manchots ou amputés… », énumère-t-il. Et de poser une question frontale : « La vraie question est que : est-ce que cette personne mérite d’être insultée ou mérite d’être acclamée ? »
S’il précise qu’il ne cautionne pas les injures, il invite néanmoins à comprendre la douleur de ceux qui ont vécu l’oppression. « Je ne cautionne pas les injures, mais pour bien juger le comportement de Azoura, il faut d’abord faire l’expérience carcérale pour comprendre que : « quiconque t’amène en prison n’est pas loin de t’ôter la vie. » »
Toussaint Manga va plus loin, en livrant une part de son vécu personnel : « Personnellement, je me suis réfugié dans la foi en Dieu pour pouvoir tolérer et pardonner. Mais Dieu seul sait que les idées noires que je mûrissais contre les bourreaux quand j’étais en prison étaient pires que des injures. »
Rappelant les lourds bilans des répressions de 2021 à 2024, il souligne que plus de 60 personnes ont été tuées par balles. Pour lui, l’ancien régime, dirigé par Macky Sall a semé la haine et ne peut aujourd’hui prétendre récolter la paix sans une introspection profonde : « On ne peut pas semer la haine dans le cœur des gens et s’attendre à récolter le respect et les honneurs. Le respect se mérite dans la vie. »