Retour sur les faits
Une convention datant de 2004 liait l’État sénégalais à la SAPCO, étendant les missions de cette dernière à l’aménagement des stations balnéaires. Conformément à cet accord, la création d’un comité de station était obligatoire pour assurer la gestion et le fonctionnement de chaque site. Ce fut le cas de 2004 à 2012, période coïncidant avec la résiliation du bail de la SAPCO par l’État. Ce comité, présidé par la SAPCO et composé de représentants des hôtels, des résidences et des commerces, définissait un budget annuel et les contributions de chaque partie prenante.
La résiliation du bail en 2012 a entraîné la dissolution de facto du comité et l’arrêt des contributions des acteurs, plongeant la SAPCO dans des difficultés financières exacerbées par la redirection des redevances domaniales vers les services fiscaux de Mbour.
Cependant, au grand étonnement des acteurs de la station de Saly, le directeur d’exploitation a convoqué une réunion en février 2025 pour annoncer la « réactivation » du comité et la désignation de la société INFOTOURS, dirigée par Boly Guèye, un personnage controversé connu localement pour son rôle dans la coordination des activités dans la station balnéaire lors de la Covid-19. Selon la Sapco la mission d’INFOTOURS serait de « mener le dialogue nécessaire à l’établissement et à la signature des contrats de concession d’activités ».
Lors de cette réunion, M. Guèye aurait annoncé de manière unilatérale une contribution financière par maison, se basant sur une hypothétique possibilité de location, selon des témoignages d’acteurs présents. Le collectif des syndics de copropriété a vainement rappelé la nécessité de se conformer à l’article 33 de la convention, qui stipule que les cotisations ne peuvent être fixées avant la mise en place des organes de gouvernance, l’établissement d’un budget prévisionnel et la définition des clés de répartition.
M. Guèye aurait affirmé bénéficier du soutien de l’État, évoquant la possibilité de mobiliser la police touristique et la police d’État pour atteindre ses objectifs, suscitant des craintes quant à ses motivations . Des équipes, accompagnées de la Direction d’exploitation de Saly et des forces de l’ordre, auraient été aperçues effectuant des tournées dans les résidences, semant l’inquiétude parmi les occupants.
Cette initiative intervient dans un contexte déjà tendu par la persistance d’une double taxation sur les ordures ménagères, non résolue depuis plus d’un an. Les acteurs locaux déplorent une dégradation de la qualité de vie à Saly, marquée par l’insalubrité et un manque d’éclairage public, malgré le paiement régulier des taxes municipales. Cette situation alarmante pousserait de nombreux résidents à quitter Saly, comme en témoigne une augmentation significative des biens immobiliers et des véhicules mis en vente.
Soupçons de manœuvre illégale et de court-circuitage des procédures
Selon des acteurs de la station contactés par Dakaractu, M. Guèye, sans aucune légitimité au sein de la station, aurait induit en erreur le nouveau DG, Serigne Mamadou Mboup, qui aurait court-circuité les procédures établies pour imposer INFOTOURS en toute illégalité. Des commerces seraient menacés de fermeture, des résidents subiraient des recensements jugés inutiles, et les syndics exprimant leur désaccord seraient qualifiés de « non-patriotes ». Une contribution mensuelle serait imposée aux commerces, pourtant à jour de leurs obligations envers la commune et l’administration fiscale .
La version d’INFOTOURS et de la SAPCO
Joint par téléphone, M. Boly Guèye a justifié l’intervention d’INFOTOURS par les difficultés financières passées de la SAPCO, expliquant que le nouveau DG s’appuierait sur la convention pour relancer les activités. Il a précisé que le contrat avec INFOTOURS date de janvier 2025 et que la convention permettrait à la SAPCO de collaborer avec toute structure pour la concession d’activités.
De son côté, le Directeur Général de la SAPCO, Serigne Mamadou Mboup, a déclaré ce 1er mai 2025 devant les travailleurs de la société agir « en toute légalité en ce qui concerne les concessions d’activité, et en parfaite phase avec les autorités« .
La convention contredit-elle les actions actuelles ?
Cependant, une lecture attentive de l’article 33 de la convention générale entre l’État et la SAPCO de 2013, consultée par Dakaractu, semble contredire les affirmations des dirigeants de la SAPCO et d’INFOTOURS.
L’article 33 stipule clairement la création d’un « comité de station présidé par le Directeur Général de la SAPCO où seront obligatoirement représentés, outre la SAPCO-Sénégal, tous les promoteurs ou exploitants intéressés directement ou indirectement à la station, les services techniques de l’État et les collectivités locales. » Il précise que ce comité « supportera les dépenses d’animation, d’entretien, de fonctionnement et de publicité de la station » en prélevant une « cotisation obligatoire […] sur les chiffres d’affaires des opérateurs touristiques en accord avec tous les partenaires. » Le montant de cette cotisation doit être fixé annuellement par le « comité de gestion de la station. »
L’Article 33 de la convention générale entre l’État et la SAPCO de 2013, intitulé « Gestion des stations », stipule les points suivants :
La SAPCO-SENEGAL est chargé…