Dans une lettre qu’il a adressée aux députés du Sénégal, l’ancien ministre d’état, s’est prononcé sur le projet de loi portant suppression du CESE et du HCCT. M. Abdou Fall s’est voulu clair en indiquant ceci. » Qu’on me prouve que ces missions, parmi d’autres, du Conseil Economique Social et Environnemental ne sont d’aucun intérêt pour ces dirigeants actuels dont la plupart d’entre eux font leur baptême de feu dans la décision politique au niveau le plus élevé de notre État ».
« Pourquoi les députés doivent voter contre ces lois portant dissolution du Conseil Economique Social et Environnemetal et le Haut Conseil des Collectivités Territoriales! ».
J’avoue que je trouve pour le moins curieux les termes dans lesquels les questions institutionnelles sont actuellement abordées au Sénégal. Nous étions dans l’attente de la réalisation, depuis lors , de la promesse du Président nouvellement élu Monsieur Bassirou Diomaye Faye de placer la réforme en profondeur de nos institutions parmi les priorités de son quinquennat.
Les institutions relevant de la constitution, mère des lois, il était attendu que des consultations nationales fussent convoquées sur ce sujet de fond. D’autant que le débat sur cette question est rendue encore plus actuelle par la confusion manifeste et pour le moins gênante qui règne au sommet de l’état par rapport à des légitimités si fortes l’une comme l’autre, entre les deux têtes de l’exécutif.
Le Sénégal fait face en effet à un cas de figure inédit du point de vue politique entre république et démocratie. Entre un chef de l’état installé à la tête du pays à la faveur du suffrage universel par une majorité acquise à partir de la volonté d’un chef de parti qui en a décidé. Et qui se retrouve lui même soumis, du point de vue des règles de la République, à l’autorité de celui qui lui doit sa place à la tête du pays.
Ce bicéphalisme curieux et paradoxal devant se gérer au demeurant dans le contexte d’une cohabitation de fait entre une nouvelle majorité exécutive faisant face à une majorité parlementaire qui échappe totalement à son contrôle.
Cette situation insolite, à notre avis , si sérieuse au point de faire l’objet de toutes les attentions parmi les élites politiques et intellectuelles du pays, on aurait tort de l’aborder autrement que dans la plus grande sérénité.
A cette question centrale est venue s’ajouter celles déjà soulevées sur le chapitre des reformes institutionnelles arrivées depuis longtemps à maturité sur la nature du régime politique obsolète qui continue de nous gouverner. Ces questions fondamentales devraient plutôt constituer , en ce moment precis , les sujets de fond qui auraient dû actuellement mobiliser les élites et les citoyens de notre pays. Le Président Bassirou Diomaye Faye en a décidé autrement en convoquant dans l’urgence le parlement, juste pour la dissolution de deux institutions de la République , le Conseil Economique Social et Environnemental et le Haut Conseil des Collectivités Territoriales.
Cette nouvelle donne de la volonté déclarée du Président de la République de dissolution de ces institutions consacrées par loi constitutionnelle trouve pour principal motif, pour l’instant déclaré, le souci de réaliser des économies budgétaires évaluées de l’ordre de 15 milliards par les uns , 20 milliards par les autres . Des montants certes significatifs dans notre contexte de pays en développement, mais qui n’en restent pas moins marginaux pour tout ce qu’en retour ces institutions apportent en termes d’inclusion , d’intégration nationale et de régulation .
Le professeur Souleymane Bachir Diagne rappelait , il y’a quelques temps que les institutions sont les organes inventées par l’homme moderne pour marquer la rupture entre la société des humains et la jungle des espèces animales .
C’est pourquoi, le plus dangereux dans cette optique de soit disante économie budgétaire, c’est qu’il est su de tout le monde que pour nombre de ceux qui approuvent une telle initiative , ils le font pour des mobiles autres que ceux
déclarés. Le débat politique dans l’espace public reste largement dominé de nos jours par le discours populiste violent qui parle plus aux tripes qu’il n’interpelle nos consciences sur les problèmes et enjeux de notre époque . Il est temps qu’on renoue avec les considérations politiques de type doctrinal adossées à une vision du monde et à une philosophie qui structure une pensée politique avec des finalités déclinées en programmes et projets au service de la transformation qualitative de la société et de l’économie.
Nous ne saurions continuer de subir la fatalité d’un débat politique de violence entre acteurs plus préoccupés à se détruire les uns les autres qu’à se distinguer dans des efforts d’élaboration d’une argumentation nourrie qui participe de l’elevation du niveau culturel , technique et scientifique des citoyens .
Savoir que dans l’optique des logiques de confrontations, ce ne sont pas les relais qui manquent pour nous installer au quotidien dans la permanence de tensions propres à entretenir dans nos sociétés démocratiques une ambiance généralisée de carnage fratricide sans répit.
Dans le contexte historique des bonds technologiques sans précédent dans le secteur particulier des médias, où chaque homme ou femme a la possibilité d’être citoyen / média, capable de diffuser au quotidien toutes les insanités du monde sur d’autres citoyens sans que rien ne leur en coûte, la voie est alors royale pour une mort programmée et sans delai de la démocratie et de nos sociétés modernes tout court.
Pendant qu’on y est, pourquoi s’arrêter en si bon chemin pourrait on dire …! On peut bien aller plus loin encore dans la négation des institutions de la République en décretant la mort dans la foulée de toutes , y compris la Présidence de la république dont on peut autant, et avec superbe , justifier le caractère budgétivore.
Tous les résultats réalisés à la tête du pays sont à l’arrivée systématiquement et radicalement constestés et niés à chaque occasion de compétition électorale majeure.
La même logique pourrait bien s’appliquer tout autant sur l’utilité de l’avion présidentiel.
Avec encore force arguments sur la table.
Ce qui serait de mon point de vue tout aussi irresponsable ! Il faut rappeler qu’il n’a pas manqué , dans l’histoire et jusqu’à nos jours, des courants idéologiques et politiques se réclamant d’une telle affiliation. Comme qui dirait, au regard de nos taux d’échecs et de déperditions scolaires, que les investissements sur l’école n’ont qu’à être supprimés ou réduits au minimum pour être reversés sur le coût de la vie et l’emploi des jeunes …!!
Autrement dit , » l’éducation nous coûte trop cher, on n’a quà essayer l’ignorance ! « Les citoyens de bonne volonté ont bien envie d’être édifiés sur les vrais mobiles d’une telle urgence à détacher cette question d’autres , de loin plus beaucoup plus importantes sur le même sujet ….
Pour faire effet facile, on enjambe l’institution pour pointer du doigt sans le nommer l’homme politique ou le soi-disant privilégié qui es…