L’une de mes toutes dernières contributions publiées le 10 février 2023, avait pour titre celui-ci : « Cet homme, nous n’aurions jamais dû l’élire, encore moins le réélire ». Oui, nous n’aurions jamais dû. En l’élisant le 25 mars 2012 et en le réélisant dès le premier tour le 24 février 2019, nous avons certainement commis les deux plus grosses fautes de notre vie. Ce président-politicien pur et dur, qui est à la tête de notre pays depuis onze longues années déjà, est responsable de tous les maux qui empestent notre existence. Par ses manœuvres politiciennes au quotidien, il a plongé notre pauvre pays dans une incertitude dont nul ne s’aventurerait à imaginer où elle va nous mener d’ici au 25 février 2024, jour de l’élection présidentielle.
Nous l’avons donc élu, au second tour, le 25 mars 2012, avec 65% de nos suffrages, sur la base d’engagements fermes qu’il avait pris à changer profondément la manière dont le pays était gouverné. En particulier, il nous promettait « une politique sobre, transparente et vertueuse » avec, pour la mettre en œuvre, un gouvernement de vingt-cinq membres au plus, composé d’hommes et de femmes choisi(e)s parmi les meilleur(e)s d’entre nous. En particulier, il s’engageait avec la même fermeté, la même solennité – en réalité feintes – à mener une lutte sans merci contre la corruption, les détournements de deniers publics, la fraude, la concussion, etc. Avec lui, ne cessait-il de répéter, la Patrie serait avant le parti et la famille éloignée de la conduite des affaires publiques. N’oublions pas, non plus, son autre engagement – il en prenait toujours facilement – à réduire son premier mandat de sept à cinq ans et à être le président de tous les Sénégalais et de toutes les Sénégalaises. En particulier, nous serions tous et toutes égaux/égales de la loi. Je pouvais continuer de citer nombre d’autres de ses engagements qui lui ont valu 65% de nos suffrages le 25 mars 2012.
Excellences, Mesdames, Messieurs les membres du Corps diplomatique, partenaires techniques et financiers du Sénégal, vous savez comme nous, ce que sont devenus ses engagements et promesses, même si vous le ménagez, diplomatie oblige. Ils les a pratiquement tous reniés et sans état d’âme. La gouvernance qu’il met en œuvre depuis onze longues années avec une équipe ministérielle dont lui-même ne connaît pas le nombre des membres est loin, très loin de celle « sobre, transparente et vertueuse » qu’il nous promettait. Vous vous souvenez qu’il nous promettait une lutte sans merci contre la corruption, les détournements de deniers publics, la fraude, la concussion et tous autres actes de mauvaise gestion. Il les entretient et les nourrit au quotidien aujourd’hui, au su et au vu de tout le monde, y compris vous-mêmes, avec vos gros moyens d’informations. La preuve, les métastases de la corruption n’épargnent aucun secteur de la vie nationale. Des corps comme l’éducation, la santé, la police, la gendarmerie, la douane et tout ce qui touche en particulier les régies financières (impôts et domaines, cadastres, trésor) en sont très malades. Les détournements de deniers publics facilités par de fortes surfacturations, ne se sont jamais mieux portés que sous la gouvernance meurtrie de ce président-politicien pur et dur. Toutes ces forfaitures sont encouragées et facilitées par une impunité totale, une impunité à nulle autre pareille, qui n’existe pas dans beaucoup de pays, même pas dans nos voisins immédiats comme la Guinée, la Mauritanie, le Mali.
Quoi de plus normal dans la dilapidation de nos maigres deniers, si le président-politicien lui-même déclare publiquement et sans état d’âme, que s’il n’avait pas mis le coude sur les nombreux rapports des corps de contrôle qui gisent sur son bureau, beaucoup de gens iraient en prison ? Quel chef d’État ou de gouvernement chez vous oserait seulement penser à tenir de tels propos devant son peuple ? Il ne pourrait même pas d’ailleurs puisqu’il ne voit pas les rapports des corps de contrôle. Et ce n’est pas tout. Dans le cadre de « la lutte sans merci contre la corruption » qu’il s’engageait à mener, il a créé très tôt l’Office de lutte contre la Fraude et la Corruption (OFNAC) dont vous connaissez sûrement le fonctionnement. Depuis 2013 qu’il a été mis en place, l’OFNAC a remis directement, comme le prévoit la loi, au moins quarante dossiers au Procureur de la République. Tous ces dossiers dorment d’un sommeil profond sur sa table : aucun d’entre eux n’a été traité. Or, ils épinglent lourdement, pour la plupart, nombre d’hommes et de femmes qui entourent le président-politicien. J’en sais quelque chose pour avoir travaillé à l’OFNAC pendant près de deux ans avant de démissionner. J’y assurais la fonction de conseiller spécial de la Présidente, chargé de la corruption dans le système éducatif sénégalais.
Donc, depuis le 2 avril 2012, date de son installation comme quatrième président de la République du Sénégal, nos deniers son pillés à un rythme insoupçonné et en toute impunité. Le dernier rapport de la Cour des Comptes en donne une idée, une toute petite, en révélant le carnage financier des fonds publics dédiés à la lutte contre la Covid19. Malgré la gravité de cette forfaiture, le président-politicien et son gouvernement se sont empressés de la relativiser, même de la banaliser. Selon eux, les fautes de gestion mises en évidence ne portaient que sur six petits milliards. Six petits milliards de francs CFA, dans un pays qui fait partie des vingt-cinq (25) les plus pauvres et les plus endettés du monde ! Un ministre mis en cause dans cette affaire s’est même permis de traiter les magistrats de la Cour des Comptes de « politiciens encagoulés ». Il pouvait bien se le permettre puisqu’il s’agit du Ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement, beau-frère du président-politicien. Il n’en était pas à son coup d’essai d’ailleurs.
Un autre, Ministre de l’Industrie et de la Petite et Moyenne Industrie, lui aussi sévèrement mis en cause par le rapport de la Cour des Comptes s’était permis, le 8 juin 2015, de renvoyer les enquêteurs de ladite Cour, non sans leur lancer ces gentils mots : « Vous êtes de petits magistrats de rien du tout, payés pour me déstabiliser. » De petits magistrats « qui ne font pas partie de la Cour des Comptes, mais de la cour de règlement des comptes ». Il était alors Ministre délégué auprès de la Ministre de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, chargé de la Microfinance et de l’Économie solidaire. La mission d’audit de la Cour des Comptes était venue enquêter sur le Fonds de Promotion de l’Entreprenariat féminin qui était sous sa tutelle. Il en était le Directeur général avant d’être nommé Ministre délégué. Il avait certainement quelque chose de peu catholique à cacher.
Naturellement, les magistrats de la Cour des Comptes, se sentant particulièrement touchés, adressèrent une correspondance au président de la République pour lui demander de relever de ses fonctions ce ministre qui était loin d’en avoir le profil. L’Union des Magistrats du Sénégal (UMS) en fit autant mais leurs correspondances restèrent sans succès. Le président-politicien ajouta à leur colère en leur présentant lui-même les excuses du ministre délégué. Excellences, Mesdames, Messieurs les membres du Corps diplomatique, partenaires techniques et financiers, une telle situation est inimaginable chez vous, pays sérieux avec, à la tête, des autorités dignes de la fonction.
Pour revenir à notre rapport de la Cour des Comptes, il serait resté, comme ses devanciers, dans les tiroirs si quelques-unes de vos Excellences n’étaient pas intervenues. C’est, en tout cas, l’information qui circule depuis lors et qui me semble bien vraisemblable. Le carnage financier révélé par le rapport, bien que très grave, n’est que la partie visible de l’iceberg. La gestion de la plupart des hommes e…