L’espoir de trouver encore des survivants s’amenuisait vendredi en Turquie et en Syrie, une centaine d’heures après le violent séisme qui a tué plus de 21.700 personnes dans l’une des pires catastrophes survenues dans la région depuis un siècle.
L’aide humanitaire afflue en Turquie – l’Allemagne a notamment annoncé vendredi l’envoi de 90 tonnes de matériel par avion – mais l’accès à la Syrie en guerre, dont le régime est sous le coup de sanctions internationales, est beaucoup plus compliqué.
La quasi-totalité de l’aide humanitaire destinée aux zones rebelles est acheminée depuis la Turquie par le point de passage de Bab al-Hawa, le seul actuellement garanti par l’ONU. La diplomatie turque dit s’employer à ouvrir deux autres points de passage « avec les régions sous contrôle du gouvernement » de Damas, « pour des raisons humanitaires ».
L’ONU avait indiqué mardi que l’acheminement par ce poste-frontière était perturbé en raison des routes endommagées.
De son côté, le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a annoncé jeudi être « en route pour la Syrie ». La présidente du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Mirjana Spoljaric, est arrivée le même jour à Alep, en Syrie.
– « Livrés à nous-mêmes » –
De part et d’autre de la frontière, des milliers d’habitations sont détruites et les secouristes redoublent d’efforts pour rechercher des rescapés, même si la fenêtre cruciale des 72 premières heures pour retrouver des survivants s’est refermée.
La situation, aggravée par un froid glacial, est telle que le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), en lutte armée contre l’armée turque depuis 1984, a décidé vendredi « de ne conduire aucune opération tant que l’Etat turc ne nous attaque pas », selon Cemil Bayik, un responsable cité par l’agence Firat, proche du PKK. « Des milliers de nôtres sont encore sous les décombres. (…) Tout le monde se doit de mobiliser tous ses moyens ».
Les 130 sauveteurs dépêchés par le Qatar ont pu secourir jeudi un garçon de 12 ans vivant à Nurdagi, ville rurale turque de 40.000 habitants située près de l’épicentre du séisme.
Des centaines de secouristes venus de Malaisie, d’Espagne, du Kazakhstan, d’Inde et d’ailleurs sont également à pied d’oeuvre.
Les habitants, forcés de vivre sous des tentes ou dans leurs voitures, observent en larmes les va-et-vient des secouristes recherchant d’éventuels rescapés avec des drones et des caméras thermiques.
A Antakya, une ville plus au sud anéantie par le séisme, une trentaine de mineurs ont parcouru un millier de kilomètres pour prêter main-forte, munis de pioches, pelles, masses, scies à métaux et barres à mine.
Une pelleteuse aide à déblayer quand un chef d’équipe de cette mine de Zonguldak, près de la mer Noire, fait signe d’arrêter. Il fracasse à la masse un bloc de béton dont ses compagnons évacuent les éclats.
Le chef d’équipe demande une couverture. Un enfant vient d’être découvert mort dans son lit. Son père repart avec le corps enveloppé dans ses bras, sans un mot.
Nombre de survivants critiquent la lenteur de la réaction gouvernementale, tel Hakan Tanriverdi, un habitant d’Adiyaman (sud de la Turquie). « Nous sommes profondément blessés que personne ne nous ait soutenus », peste-t-il.
« Je n’ai vu personne avant 14H00 le deuxième jour du séisme », soit 34 heures après la première secousse, renchérit Mehmet Yildirim. « Pas d’Etat, pas de police, pas de soldats. Honte à vous! Vous nous avez laissés livrés à nous-mêmes ».
A Chypre, les premiers corps des victimes chypriotes-turques dégagés des décombres après le séisme en Turquie ont été rapatriés sur l’île vendredi, dont ceux de sept adolescents volleyeurs qui participaient à un tournoi, a annoncé la télévision locale.
L’hôtel dans lequel le groupe (24 jeunes âgés de 11 à 14 ans, quatre de leurs professeurs, un entraîneur et 10 parents) séjournait à Adiyaman, dans le sud de la Turquie, s’est totalement effondré. Selon la chaîne turque NTV, « Les corps de 19 jeunes (du groupe) ont été découverts sous les décombres ».