Le Président de la République a décidé, en pleine phase ascendante de l’épidémie, de laisser les activités économiques et professionnelles se dérouler en toute tranquillité en demandant aux sénégalais « d’apprendre à vivre avec le coronavirus ». Cette décision, synonyme de démission, aura de multiples conséquences notamment celle d’ériger les milieux de travail en potentiels foyers de contamination. En effet, la reprise des activités aura comme corollaire l’élévation du niveau de risque de contamination lors de l’accomplissement des activités économiques et professionnelles. Ce qui pose, avec acuité, la problématique de la prise en charge de la prévention de la covid-19 sur les lieux de travail.
Aucune mesure d’accompagnement n’a été prise par le Président de la République, détenteur de tous les pouvoirs en vertu de la loi d’habilitation, pour que des mesures de prévention spécifiques au monde au monde du travail soient prises en dehors de celles dites générales (se laver régulièrement les mains avec du savon et/ou une solution hydro-alcoolique, porter un masque, observer la distanciation sociale, etc.).
Pire, la Caisse de sécurité sociale (CSS) brille par son immobilisme et son manque d’initiatives alors que l’une des missions ayant présidé à sa création est la prévention sur les lieux de travail. Elle n’est pas intégrée ou ne s’est pas intégrée (c’est selon), à tort, dans le dispositif global de lutte contre la covid-19. Ce qui dénote, du côté de ses responsables, un attentisme découlant d’une mauvaise lecture de la situation ou d’une mauvaise compréhension de leur mission et du côté gouvernemental, d’une absence de vision sur toutes les ressources sur lesquelles il peut compter pour lutter efficacement contre la covid-19.
Des mesures incomplètes et insuffisantes
Au début de la pandémie, l’OMS considérait faible le risque de contraction du virus si on ne revenait pas d’une région identifiée comme un foyer contaminé ou si on n’était pas en contact avec une personne affectée. C’est cela qui avait motivé les décisions telles que la fermeture des frontières et l’auto-confinement pendant 14 jours. Les données récentes ont permis de révéler un autre mode de contamination, qui ne cesse de prendre de l’ampleur : la transmission communautaire.
Les personnes infectées par la covid-19, sans que l’on ne sache la source ni établir un quelconque lien épidémiologique, sont appelées des cas communautaires. Cela veut dire que le virus circule et se propage à l’intérieur d’une communauté. Les milieux de travail, étant par essence des communautés professionnelles, n’y échappent pas.
Si tous les travailleurs peuvent être exposés aux mêmes risques de la covid-19, des disparités pourraient apparaître selon leur statut juridique notamment en termes de prise en charge, d’indemnisation et de durée d’absence.
Les fonctionnaires bénéficient d’un certain nombre de garanties qui leur assurent, entre autres, une prise en charge rapide, un maintien de l’intégralité de leur traitement durant leur absence au travail et pendant une certaine période, etc. Tel n’est pas le cas pour les travailleurs, qui ne sont pas des fonctionnaires, mais qui relèvent du Code du travail.
Même s’ils sont des assurés sociaux au même titre que les fonctionnaires, leur assurance sociale est gérée par trois institutions de prévoyance sociale que sont l’IPRES (retraite et invalidité), la CSS (accidents du travail, maladie professionnelle, etc.) et les IPM (maladie non professionnelle).
Lorsqu’un travailleur, qui n’est pas fonctionnaire, est contaminé par la covid-19 dans l’exercice de ses activités professionnelles, le lien de cause à effet (exposition professionnelle – contamination à la covid-19) ne suffirait pas à lui seul pour que sa contamination soit considérée comme une maladie professionnelle.
Pour que celle-ci soit considérée comme maladi…