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LETTRE OUVERTE : Les enfants talibés du Sénégal écrivent au Président Macky Sall.

LETTRE OUVERTE : Les enfants talibés du Sénégal écrivent au Président Macky Sall.

Objet : Demande de retour définitif auprès de nos familles respectives

Monsieur le Président de la République,

Au nom de la protection de l’enfance, les enfants talibés sénégalais vous soumettent, très humblement, une demande sociale. Cette dernière concerne les Daaras«informels»ou « fictifs » qui rassemblent de nombreux enfants sous la houlette d’un homme qui s’installe dans un quartier prétextant les initier à l’apprentissage du Coran. En réalité, il les incite à la mendicité avec la complicité de parents irresponsables, dans l’indifférence totale d’une importante frange de la population.

 

Depuis très longtemps, les autorités de ce pays sont trompés par un groupe de supposés théoriciens thaumaturgiques qui s’adossent à des théories dans l’optique de légitimer le mal profond qu’ils nous font subir. De surcroît, dès qu’une voix dénonciatrice s’élève, une « fatwa » se dresse.

 

Nos parents sont, en grande partie, responsables de nos misérables conditions d’existence même s’ils espèrent, en nous plaçant dans un Daara, que nous serons nourris. Cependant, puisqu’ils sont à l’origine des maux dont nous souffrons, ils doivent être remis à l’ordre par l’autorité compétente.

Monsieur le Président de la République, n’écoutez pas ceux à qui notre condition profite. Nous vous prions, par conséquent, de faire valoir votre devoir de Père de la Nation, premier Protecteur des enfants.

De grâce, libérez et honorez les enfants que nous sommes et le Bon Dieu protégera et honorera le Sénégal.

 

La demande que nous vous adressons porte essentiellement sur trois points :

 Etat des lieux ;

 Justifications contextuelles ;

 Proposition de solutions et perspectives.

 

 

1. L’état des lieux

 

Appelés communément « talibés », la mission principale que des adultes nous contraignent à mener est la mendicité. Nous vivons entassés par cinquantaine dans des taudis, des vérandas, des couloirs et même des maisons en chantier.

 

Les gens feignent de croire que nous apprenons le Coran dans ses endroits appelés Daaras, sans doute pour se donner bonne conscience.

 

Comment peut-on apprendre le Saint Coran au parfum agréable dans ces conditions inhumaines ? Enfants délogés et dormant dans des taudis au comble de la promiscuité ; enfants aux habits sales, déchiquetés ; enfants à la santé fortement précaire ; enfants aux pieds nus, tendant la main à longueur de journée en quête de pitance sous un soleil accablant qui déchire nos cœurs ; enfants subissant quotidiennement des maltraitances ; enfants écrasés à mort par des véhicules défrayant ainsi la chronique de la presse ; enfants parfois au sort atroce, ce fut le cas pour les talibés victimes de l’incendie de la Médina à Dakar qui a fait périr neuf (09) d’entre eux la nuit du dimanche 03 au lundi 04 mars 2013, sans suite aucune… au point que le même daara frôle un deuxième incendie le 18 mai 2018.

 

L’Assemblée nationale du Sénégal…


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