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CRI DU CŒUR D’UN SYNDICALISTE ANGOISSÉ…

CRI DU CŒUR D’UN SYNDICALISTE ANGOISSÉ…

La relation historique qui caractérise le couple Capital-Travail nous enseigne que le combat que mène la force de Travail depuis l’aube des temps contre le Capital n’est pas une lutte à mort. Il s’agit plutôt d’un combat perpétuelle pour créer et maintenir un rapport de forces  équilibré qui tempère les velléités du Capital à domestiquer le Travail et socialise les rapports de travail. Ce n’est que sous un tel rapport que nous arriverons à une redistribution correcte de la production au sens large et à une protection environnementale qui passe nécessairement par le changement du système de production suicidaire actuel. 

 

Mesurant ce rapport à l’aune de la globalisation, je suis inquiet de notre réveil qui pourrait être brutal, nous autres, acteurs du mouvement syndical, surpris que nous serons, par les changements fondamentaux à grande vitesse, impulsés par l’ère de la 4ème révolution industrielle dite révolution 4.0. Cette révolution de l’économie virtuelle, marquée par le progrès technologique qui génère l’industrie virtuelle, la finance virtuelle, la robotisation du travail et sa mondialisation à outrance, milite manifestement en faveur du Capital et des excès de la finance globale, au détriment du Travail, de l’économie réelle et solidaire pour un développement intégré durable. A ces nouveaux paradigmes de l’ultra libéralisme, s’associe la dérèglementation climatique, environnementale et écologique qui, à elle seule, est une réelle menace qui pèse sur la vie de la planète terre et par conséquent sur le Travail, car il n’y a pas d’emplois dans une planète morte. 

 

L’avenir du travail se pose aussi en ces termes. Nous rendons-nous compte que pour construire des buildings en un temps N fois réduit qu’il ne l’a été jusqu’à maintenant, il suffit simplement d’un ou de quelques individus et d’une machine ; de même, pour toute sorte d’opération bancaire, nous n’avons plus besoin ni de nous déplacer ni des services d’un quelconque employé. Nous rendons-nous compte que, même la grève sous sa forme actuelle va être très vite dépassée, plus vite qu’on ne puisse l’imaginer. 

 

Alors, acceptons qu’à présent, plus que jamais, ni la rivalité ou l’adversité, ni aucun autre détail crypto personnel qui nous divertit ou nous détourne de la reconstruction de notre unité sacrée, n’ont plus de place dans la gouvernance syndicale pour l’accomplissement de notre mission de syndicaliste à l’ère de l’économie virtuelle. L’heure est à la remobilisation, au renforcement de l’unité d’action et de l’unité organique, à la réorganisation pour l’unification des luttes, et à la réadaptation de nos stratégies. 

 

Mieux, aujourd’hui, nous devons procéder à la remise en cause même des formes actuelles d’organisations, quand on sait que le mouvement des gilets jaunes et d’autres mouvements similaires qui émergent à travers le monde, semblent ne plus se reconnaitre dans le mouvement revendicatif de représentation, tel que les syndicats. Tous ces signaux prouvent qu’au fond, les travailleurs, qui s’accordent toujours sur l’essentiel ne sont pas divisés mais ce sont les organisations syndicales et leurs leaders qui le sont. 

 

Remettons-nous en cause dans le but de mieux resserrer nos rangs, de recentrer nos missions, de réadapter nos stratégies. A mon avis, nous gagnerions à envisager, pourquoi pas, une vaste alliance au-delà de nos organisations, à créer une sorte d’entente avec les peuples, qui sont nos premiers alliés, concernés qu’ils sont par le progrès social et économique, l’équité et la justice. A coup sûr, cela nous renforcerait, face aux dérives et agressions du Capital, pour maintenir ce rapport de force indispensable, sans lequel, l’humanité n’est pas à l’abri de «l’apocalypse». 

 

Dans l’économie globale, la définition qui confine la mission syndicale à la seule défense des intérêts matériels et moraux des travailleurs, est devenue trop étriquée. La conception actuelle des règles de la mondialisation basée sur les excès de la finance globale, élargit de facto les missions du mouvement syndical qui inscrit désormais son action dans celle du peuple et intègre ses préoccupations dans celles des populations. Cette redéfinition de l’action syndicale me conforte dans l’idée d’une vaste alliance des syndicats et des peuples, de ses segments les plus organisés, pour faire face efficacement aux fléaux de la quatrième révolution industrielle. De nos jours, un nombre croissant d’individus n’a pas accès à l’emploi, le service public recule, le Capital privé multinational gagne du terrain. Les tendances à restreindre l’espace démocratique apparaissent comme une préoccupation majeure à l’échelle mondiale. 

 

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