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ADAM SÈNE, CHANTEUSE : « POURQUOI LES PRODUCTEURS ONT PEUR DE MOI… »

ADAM SÈNE, CHANTEUSE : « POURQUOI LES PRODUCTEURS ONT PEUR DE MOI… »

Artiste chanteuse, Adam Sène est une valeur montante de la musique sénégalaise. Elle n’a pas encore sorti d’album mais ses singles sont bien consommés par les mélomanes et ses fans, déjà très nombreux sur la toile. Intellectuelle très ambitieuse, l’enseignante reconvertie chanteuse revient dans cet entretien accordé à Emedia.sn à la veille de son départ pour la Norvège où elle a performé dans le cadre d’une soirée de lauréats de la diaspora africaine, sur ses débuts dans la musique, les coups bas qu’elle a reçus, ses relations avec ses collègues artistes…

Qu’est-ce qui vous a poussé à embrasser la musique ?

Je ne sais même pas. Je pense que c’est don. Je ne fais pas partie d’une famille de chanteurs. Je suis descendante de Bour sine Coumba Ndoffène. Donc, imaginez le choc quand j’ai décidé de prendre cette voie qui est la musique. Mes parents n’étaient pas du tout d’accord. Et, pour les convaincre, j’ai été obligée de faire tout ce qu’ils me demandaient à savoir les études.

Fut-ce que été facile de les convaincre ?




Je me cachais au début. Ma mère me supportait. Elle était complice. Elle était au courant de mes prestation mais, elle ne me dénonçait pas auprès de mon père. Elle savait que c’était ce que je voulais. Quand j’ai eu mes diplômes et que j’ai commencé à travailler, mon père a compris que la musique était une passion pour moi. En plus, ses amis partageaient mes sons. Il a finalement compris que c’était du sérieux et j’ai eu sa bénédiction.

Vous étiez professeur d’Espagnol mais vous avez démissionné de ce poste au profit de la musique. Pourquoi ce choix ?

Parce que c’est la musique que je veux. Au début, je croyais que je pourrais allier les deux. Mai, ce sont deux métiers qui demandent, chacun, énormément de sacrifice. Malheureusement, j’ai arrêté l’enseignement pour poursuivre ma carrière musicale.

Vous avez récemment sorti un nouveau single intitulé « Love me ». Pourquoi ce titre ?

D’abord, il faut savoir que j’ai revisité cette chanson classique des Beatles. Je l’ai revisitée à la sénégalaise en y rajoutant nos sonorités d’ici, c’est-à-dire le « Mbalax ». « Love me » est une chanson d’amour. C’est une chanson qui décrit la complicité qu’il y a entre l’homme et la femme. Je chante souvent l’amour parce que je suis une grande romantique. On reproche de chanter trop l’amour mais, j’assume. Et comme on va vers les fêtes de décembre, il y aura forcément cette atmosphère d’amour. Donc, j’en ai profité pour sortir ce titre.

Est-ce que les mélomanes sénégalais consomment déjà ce tube ?

Je crois, oui. Les gens sont en train de partager la chanson. Je reçois souvent des vidéos challenge. Certains me demandent aussi de les envoyer l’audio qui n’est pas officiellement sorti. Mais, ce sera pour bientôt. On attend juste la réponse des plateformes pour officiellement présenter le son aux Sénégalais.

Vous avez mis dans le marché de nombreux single. A quand l’album ?

Depuis que j’ai débuté ma carrière musicale, je donne rendez-vous à mes fans en leur disant que l’album c’est pour bientôt. Je pensais que les choses allaient être faciles pour moi. Mais, tel n’est pas le cas. C’est très difficile, surtout pour moi qui viens de commencer. Je n’ai pas de staff. Je travaille toute seule. Là, j’y vais petit à petit et j’espère qu’en 2020 l’album sera là.

Pourquoi vous n’allez vers les producteurs au lieu de travailler toute seule ?




Je les ai contactés mais, peut-être, parce qu’ils ne sont pas convaincus par ce que je fais. Mais j’espère qu’ils le seront un jour. J’ai eu à travailler avec quelques producteurs mais, comme je suis de nature très têtue, on n’était jamais d’accord sur certaines choses. J’ai finalement décidé de travailler toute cette seule.

Est-ce que ce n’est pas parce que vous êtes difficile en matière d’affaires ?

Je ne pense pas que ce soit ça le problème. Je ne pense pas que je sois difficile en affaires parce que je sais communiquer avec les gens. Mais je pense que les producteurs, peut-être, ont peur de moi ou ne me connaissent pas encore (rire). Dans le showbiz, les gens n’ont pas l’habitude de travailler avec les intellectuels. Moi je lis les contrats, j’y apporte des amendements et tout. Je pense qu’ils ont un peu peur de moi parce que je suis une intellectuelle. Je titulaire d’une maitrise et j’étais professeure d’espagnol.

Donc votre niveau intellectuel constitue un frein pour l’envol de votre carrière musicale ?

Oui, ça constitue un blocage. Mais, je sais ce que je veux. Récemment, on m’a présenté un producteur qui m’a demandé mon âge et qui a demandé si je n’étais pas trop âgée parce qu’eux ils travaillent avec des gens plus jeunes. J’ai compris que c’était pour pouvoir les manipuler facilement.

Et cela ne vous décourage pas ?




Absolument pas. La réussite vient au bout de l’effort. Tous ceux qui ont réussi dans la musique ont eu à traverser des moments difficiles. Je l’ai dit tantôt, je pense à sortir un album très bientôt, en 2020. Je commence à collaborer avec des gens qui ont l’expertise dont j’ai toujours besoin.

Qui finance la production de vos singles ?

Depuis que j’ai démarré ma carrière musicale, je m’auto-produis. Je finance mes propres produits. Et quand c’est cher ou un peu compliqué pour moi, j’ai des amis, des membres de ma famille qui m’aident un peu. En plus, j’ai la chance d’avoir un mari qui me soutient beaucoup pour mes projets musicaux.

Vous avez opté pour la musique mais vous n’êtes pas sans ignorer que les coups viennent de partout dans ce milieu…




Des coups bas, j’en ai vraiment reçus même si je ne le dis jamais. Mais également, j’ai eu à chanter pour des gens qui ne m’ont jamais payé. J’ai eu à chanter pour une série. J’ai fait le générique et je n’ai pas reçu un seul centime. Aussi, des gens m’ont utilisé pour des publicités, ils ne m’ont pas payé comme il faut. Mais l’avantage que j’ai, c’est que j’ai attendu d’avoir un certain âge pour commencer la musique. J’encaisse des coups et je gère.

En parlant de coups bas, pouvez-vous être plus explicite ? Vous insinuez des des propositions indécentes ?

Absolument. J’ai mis fin à ces éventuelles collaborations. Ce sont des gens qui vous promettent des choses ou qui vous disent qu’ils peuvent vous faire avancer. Naïvement, j’ai voulu croire à ces promesses et, au bout du compte, je me suis rendu compte qu’ils ne disaient pas vrai. Ils étaient là pour d’autres prétentions. Je mets fin à la collaboration avant de passer à autre chose.

Comment voyez-vous la musique sénégalaise ?

Il y a un désordre. Ce n’est pas bien organisée. On n’a pas une industrie musicale qui marche comme elle devrait marcher. Les chanteurs sont tellement nombreux et le milieu n’est pas régulé. Je pense que les autorités en chargent de ce secteur doivent trouver des solutions afin d’organiser la musique.

Mais quand même vous entretenez de bons rapports avec les artistes…

J’ai des rapports d’amitié avec eux. Mais, il y a des chanteurs qui m’ignorent et, je ne sais pas pourquoi. Ils ont peur que je prenne leur place. Je tiens à leur dire que je ne suis pas là pour ça. Je considère que la musique est un vaste champ et chacun peut y avoir sa parcelle sans problème.

Vous avez joué à Miss Afrique Norvège. Comment vous avez été choisie ?




Grâce à la musique, je commence à être connue de partout. Et, il y a un ami qui vient de Norvège qui m’a proposé cela. J’ai accepté sans problème. Il s’agit de Miss Afrique Norvège. Ils ont fait une élection de Miss des africaines qui sont là-bas…

Comment avez-vous préparé l’évènement ?

Le plus naturellement. J’ai l’habitude de faire des scènes. Donc ça va.

L’actualité est émaillée dernièrement par les violences faites aux femmes. Comment vous analysez ce phénomène ?

Je ne pense pas que ce soit un phénomène nouveau. C’est un phénomène qui a toujours existé et c’est à déplorer. On ne fait pas la guerre, on fait la paix. On se marie parce qu’on aime la personne. On n’épouse pas la femme parce qu’on veut la dominer, parce qu’elle doit être soumise, qu’elle doit être sous les ordres d’un homme. L’homme doit regarder la femme comme son égal, la respecter. Il faut que les hommes comprennent les femmes. Je ne blâme pas les hommes sénégalais, je veux juste leur conseiller à dépasser certaines mentalités et de savoir que la femme est un partenaire de vie. Elle n’est pas là seulement pour faire le ménage et faire des enfants. Elle a ses idées ?

Il y a les femmes juristes qui sollicitent la criminalisation du viol. Etes vous pour cette proposition ?

Absolument. Je suis pour à 100%. Ce que la femme a de plus chère, c’est son intimité. On ne peut pas la faire subir des choses sans son consentement. Les hommes doivent contrôler leur impulsion. Le viol est ignoble comme acte.

Emedia


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