Les groupes jihadistes gravitant dans le Sahel ne manquent pas d’inspiration pour trouver une source de financement. Face à la raréfaction des rançons sur des enlèvements d’occidentaux, les terroristes semblent s’être tournés vers l’orpaillage. Et pas que pour le financement. Les sites d’orpaillage serviraient aussi de lieux de recrutement et de formation.
Selon un rapport de Crisis Group intitulé « Reprendre en main la ruée vers l’or au Sahel central » publié le 13 novembre, c’est la tendance dans au moins trois pays du Sahel.
« Alors que les rançons des prises d’otage, source importante de revenus pour les groupes jihadistes au Sahel, se raréfient, l’or peut constituer pour eux un nouvel atout, à des fins de financement mais également de recrutement », peut on lire sur le document dont Dakaractu a obtenu copie.
Ce risque est d’autant plus élevé, selon Crisis Group, que les orpailleurs considèrent parfois la présence des jihadistes comme une aubaine, et non comme une menace.
Selon le rapport, « les modes de financement varient d’une région à l’autre ».
« Dans le Soum burkinabè, des unités jihadistes sont rémunérées par les orpailleurs pour effectuer des missions de sécurité sur les sites. Dans les zones de Tinzawaten, Intabzaz ou Talahandak, au nord de la région de Kidal au Mali, le groupe jihadiste Ansar Eddine (membre du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM)) n’exerce pas une présence armée destinée à la sécurisation du site, mais prélève la zakat (impôt religieux) auprès des orpailleurs et du reste de la population », explique Crisis Group.
Cette pratique n’est pas l’apanage du Groupe dirigé par Iyad Ag Ghali. Adnan Abou Walid et ses sbires, au sein de l’État islamique au Grand Sahara (EIGS), s’y adonneraient aussi.
Si les jihadistes trouvent leur compte dans ce nouveau business, les exploitants aurifères n’y trouvent pas à redire non plus. Cependant, « ils composent avec les groupes jihadistes moins par conviction que par pragmatisme ».
Des lieux de recrutement et de formation
Dans ses recherches, Crisis Group a constaté que les « les sites aurifères semblent être aussi des lieux de recrutement pour les groupes jihadistes ».
La tendance est remarquée « à l’Est du Burkina Faso ou dans le département de Torodi au Niger » où « des prêches jihadistes qui appellent au respect de la Charia (loi islamique) sur les sites d’extraction, ont été rapportés.