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CETTE HAINE D’AUTRUI QUI TUE L’AFRIQUE ! (Par El Hadji Daniel So)

CETTE HAINE D’AUTRUI QUI TUE L’AFRIQUE ! (Par El Hadji Daniel So)

 

« En pays noir, les voici semblables à des fourmis destructrices de fruits mûrs, s’installant sans permission, décampant sans dire adieu, race de voltigeurs volubiles sans cesse en train d’arriver ou de partir au gré des points d’eau ou des pâturages… »Ce genre de sarcasme en bambara relaté par le penseur et écrivain malien, Amadou Hampâté Bâ (1900-1991), indiquant dédaigneusement la manière dont les peuls – pour ne citer qu’eux – sont généralement perçus par la communauté locutrice-descriptrice, parmi tant d’autres, constitue un préjudice par ricochet, et sans aucun doute l’une des principales causes de cette peur galopante de l’inconnu et bleue de perdre sa propre identité, qui sévit un peu partout en Afrique et que nous pouvons crûment appeler  « xénophobie continentale. » Un jugement de valeur – souvent au faciès – fallacieusement motivé  par des croyances ineptes et/ou suprématistes de pureté présumée de l’identité d’un endogroupe fondées sur l’appartenance ethnique, la culture, la race, la religion ou encore l’origine nationale, et porté sur un autre groupe de personnes ou d’un individu. Disons-le en passant, ce n’est pas demain la veille que disparaîtront de pareilles attitudes purement  condescendantes d’un africain à l’égard d’un autre. L’affaire est plus sérieuse que ç’en à l’air. Pratiquement, tous les pays d’Afrique utilisent des termes péjoratifs stéréotypés liés à un certain nombre de catégories sociales pour désigner son “frère étranger africain”. Voyons voir ! À titre d’exemple, le sénégalais avec son “ñak” (« personne venant de la forêt »), l’ivoirien, son “banabana” (terme plutôt péjoratif qui désigne ce qui a peu de valeur, qui est  » bricolé « , informel)….j’en passe et des meilleurs. Le meilleur du pire est nourri par la misère sociale engendrée par un chômage conjoncturel ou structurel, demeurant l’infime partie émergée de l’iceberg qui menace de faire chavirer les paquebots de ligne économique africaine. Face à une telle atmosphère, il suffit de peu pour réveiller le mépris qui somnolait et désigner l’étranger comme le bouc émissaire, le responsable de tous les maux des nationaux. 

 

Faute de tradition démocratique avérée et de respect de promesses électoralistes, les rancoeurs et hostilités populaires, en état de veille permanente, sont tant agitées qu’à la moindre étincelle provoquée, la colère s’embrase et la révolte matée par l’orgueil du “roi surpris” comme en “échec et mat.”* Sauf que, généralement en Afrique, les hommes politiques, tout comme les chefs traditionnels et de guerre, pour accéder au pouvoir ou s’y maintenir, n’en ont cure des conséquences irréfutables qui en découleront après. La mythologie de la “finalité à tout-va” prend toujours le dessus sur le “comment licite.” L’important pour eux est d’arriver coûte que coûte à leurs fins, et pour cela, ils sont prêts à tout quitte même à user de leurres.

 

Dès lors, tout peuple victime de ce type de manoeuvre malsaine sera exposé – tôt ou tard – à être laissé-pour-compte des politiques de développement ; dans une planète où ne cohabitent malheureusement des institutions internationales instrumentalisées, des États différents à tous les niveaux et les hommes, que par intérêt. Qu’il soit personnel ou général, d’aucuns – des hommes – n’auront jamais cette patience d’avoir à confier leur propre sort à autrui, jusqu’à ce que ne vienne faire obstacle cette sensation que les autres ont toujours une vie meilleure que la nôtre. Or tous les psychologues et spécialistes en la matière sont d’avis que l’envie, le sentiment le plus partagé par les humains est celui qui rend le plus l’existence amère, surtout à sa plus grande intensité. Elle tue ce qui est vivant en la personne et court telle une bête sauvage écrasant tout sur son passage. Autant pour soi que pour les autres, l’envie est néfaste surtout qu’avec insistance, elle peut devenir pathologique et se transformer, de fil en aiguille, en jalousie puis dériver à la haine. Et Bonjour les dégâts ! Le cas de l’Afrique du Sud.

 

Ainsi, en plus d’avoir à combattre les méfaits de cette émotion ravageuse et gangrèneuse de toute société, les gouvernants africains auront la lourde charge de veiller au respect scrupuleux des traités sur la libre circulation des personnes et des biens, le droit de résidence et d’établissement dans l’espace des différentes Communautés économiques existantes et surtout de la Déclaration et Programme d’Action de Vienne admis par l’Assemblée Générale des Nations Unies en 1993 notamment les dispositions de son article 15 : «  le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales sans distinction aucune est une règle élémentaire du droit international en la matière. Eliminer rapidement et intégralement toutes les formes de racisme et de discrimination raciale, ainsi que de xénophobie, et l’intolérance dont elles s’accompagnent, est pour la communauté internationale une tâche prioritaire. Les gouvernements devraient prendre des mesures efficaces pour les empêcher et les combattre. Les groupes, institutions, organisations intergouvernementales et non gouvernementales et les particuliers sont instamment priés de redoubler d’efforts pour lutter contre ces fléaux en coopérant et coordonnant les activités qu’ils déploient à cette fin ».

Le tout, forme véritablement  un cocktail molotov entre les mains de tout gouvernement concerné. S’il est défaillant attitré – comme du rest…


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