A la suite des demandes répétées de plusieurs concitoyens, j’ai décidé de me prononcer sur une actualité juridique brulante du pays.
J’ai entrepris de rédiger cette contribution après avoir lu et analysé près d’une cinquantaine d’articles, interviews et commentaires publiés par les sites internet guinéens.
Depuis quelques années, notamment avec les crises à la Cour constitutionnelle, les Guinéens sont de plus en plus friands des débats d’idées. Il est heureux de le constater car depuis longtemps le débat intellectuel est sorti par la fenêtre dans notre pays.
Il faut laisser libre cours au débat et même l’encourager : c’est de la contradiction que jaillit la lumière porteuse de propositions et d’idées novatrices.
Avant tout développement, je voudrais surtout insister sur le fait que le débat doit garder de la hauteur, avec humilité et sérénité, pour ne pas tomber dans des échanges de caniveau. Le débat, éminemment juridique, ne doit pas être biaisé par le fait du positionnement politique des uns et des autres.
Il faut surtout éviter les propos du genre : ‘’les promoteurs d’une nouvelle constitution seront traités comme des criminels’’ ou ‘’ils seront poursuivis en justice et leurs biens saisis’’, et ne pas considérer l’option pour une nouvelle constitution comme ‘’une déclaration de guerre contre la patrie’’.
De tels propos sont regrettables : on ne défend pas une constitution en la violant. Aux termes des articles 7 et 11 de la constitution de 2010, chaque citoyen est libre de croire, de penser et de professer ses opinions politiques et philosophiques ; il est libre d’exprimer et diffuser ses idées et opinions par la parole, l’écrit et l’image. Surtout quand il s’agit d’une question d’intérêt national comme l’élaboration d’une nouvelle constitution.
Autant les Guinéens qui s’opposent à l’adoption d’une nouvelle constitution ou à l’idée d’un troisième mandat du Président en exercice ont le droit de s’exprimer et de manifester (articles 7 et 10 de la constitution), autant ceux qui y sont favorables ont le droit d’exprimer leur opinion sans être menacés.
Pour la paix sociale et la construction d’une véritable société guinéenne démocratique, ce qui n’est pas impossible aux Guinéens, il faut savoir garder raison car seule la sérénité permettrait de bien comprendre l’objet de la question juridique à débattre, en excluant les amalgames politiciens qui dénaturent l’objet et l’enjeu d’un débat qui se doit d’être constructif.
Avant d’évoquer le fond de ce débat, il est important de faire quelques observations sur des confusions et amalgames volontairement ou involontairement entretenus.