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ROBERT BOURGI, LA CHUTE D’UN FAUCON ?

ROBERT BOURGI, LA CHUTE D’UN FAUCON ?

Réputé proche de certains chefs d’Etat africains, de Sarkozy et héritier de Jacques Foccart, Robert Bourgi chante désormais la palinodie de la Françafrique. Certes, mais Macron vient de le suspendre de la Légion d’honneur française. Est-ce le début de sa chute ?

Un décret présidentiel français lui interdit d’exercer « des droits et prérogatives attachés à sa qualité de légionnaire » et d’arborer « les insignes de toute décoration française ou étrangère ressortissant à la grande chancellerie de la Légion d’honneur » que Nicolas Sarkozy lui avait remise en 2007. Et cela pendant 5 ans. Le décret, daté du 8 mars, a été signé par Emmanuel Macron et publié le 10 mars au Journal officiel français.

Emissaire officieux

C’est un énième revers dans la carrière de ce Franco-libanais né à Dakar, un 4 avril, il y a 73 ans de parents d’origine libanaise. Il est l’un des derniers héritiers vivant de Jacques Foccart, le grand architecte, auprès du général De Gaulle, de la Françafrique. « Son métier – vendre à des personnalités africaines des contacts auprès de hauts responsables français – ressemble à s’y méprendre à celui de ces « émissaires officieux qui n’ont d’autre mandat que celui qu’ils s’inventent », ceux-là mêmes dont le candidat Sarkozy avait ainsi annoncé la fin à Cotonou (Bénin) en 2006 », pouvait-on lire dans un portrait publié par Le Monde en 2011. Vendre de tels services a un coût : être sur la fine lame d’un rasoir. On se remémore de son fascinant récit à RFM en juillet 2011 dans lequel il contait comment Karim Wade l’aurait appelé pour qu’il demande à la France de faire intervenir son armée lors des émeutes de la nuit du 27 au 28 juin à Dakar. L’un de ses nombreux « faits d’armes. Le 11 septembre 2011, Robert Bourgi ébruite les remises de valises africaines remplies de billets à Jacques Chirac et Dominique de Villepin. Ainsi, il dévoila au grand jour le financement par des présidents africains des campagnes électorales françaises. Auparavant, en 2010, il avait raconté dans un documentaire diffusé par la chaîne France 2 comment il gérait la longue file des responsables politiques français désireux d’être reçus par Omar Bongo, le président gabonais décédé en 2009.

La chute de Fillon

Le Monde cite également de son orchestration, en faisant filmer par une équipe de Canal+, de « la repentance de Claude Guéant, en avril 2008, dans le bureau d’Omar Bongo, à Libreville, après que Jean-Marie Bockel, secrétaire d’Etat à la coopération, eut été limogé pour avoir mis en cause le caractère prédateur du régime gabonais. Face à la caméra, Omar Bongo menace: « Il y a des secrets d’Etat. Il y a des choses qui ne doivent être dites qu’entre chefs d’Etat. » ». L’un de ses plus mémorables « coups » fut donné à François Fillon, alors grand favori de la présidentielle française de 2017. En laissant fuité son « cadeau » de 13 000 euros en costumes à l’ancien Premier ministre français, il avait précipité la chute d’un homme qui avait axé sa campagne sur la rupture avec de telle pratique. Après avoir été suspendu, depuis janvier dernier, à six mois ferme et six mois avec sursis de la profession d’avocat, pour « manquement aux principes essentiels » liés à ce métier, Robert Bourgi vient donc à nouveau d’être suspendu de la Légion d’honneur pour avoir financé deux partis politiques différents alors qu’une loi française de 2013 l’interdit. Deux coups d’arrêt qui n’empêcheront certainement pas le sphinx Bourgi de renaître de ses cendres.

SOLEIL Moussa DIOP


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